Architecture
Tehotihuacan, un empire méconnu se dévoile au musée du Quai Branly

Tehotihuacan, un empire méconnu se dévoile au musée du Quai Branly

05 October 2009 | PAR Yaël Hirsch

Pour la première fois en Europe, les dernières fouilles réalisées au Mexique sur le site de Tehotihuacan sont dévoilées. Dans une scénographie majestueuse, le public découvre la vie quotidienne et l’architecture monumentale d’une cité-État qui a rayonné pendant près de 8 siècles en Amérique latine.

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En 450 pièces dont plus de 95 % viennent du Mexique, l’exposition “Tehotihuacan, cité des Dieux” fait découvrir un empire  situé à près de 3 000 m d’altitude, qui a duré près de 8 siècles (100 av J.C. – 650 ap J.C.) et qui a beaucoup inspiré les Aztèques quand ils ont découvert le site, 600 ans après sa destruction. Alors que les fouilles sont encore en chantier, l’exposition réalisée par Felipe Solis (1944-2009), et la scénographie signée Jakob+Macfarlane ,font entrer dans le quotidien des habitants d’une ville mystérieusement disparue, il y a plus de 13 siècles et qui s’est étendu jusqu’à 22,5 km².

Tous les aspects de la vie à Tehotihuacan (“cité des dieux,” en langue aztèque, le nahuatl) sont représentés. D’abord d’architecture monumentales, à travers la grande maquette centrale qui reproduit l’état du site et les principaux temples de la ville : celui du Dieu serpent, celui de la lune et celui du soleil. On apprend aussi beaucoup sur les outils (les architectes de Tehotihuacan utilisaient déjà un fil à plomb pour mesurer la verticalité de leurs murs) et les techniques pour bâtir les temples monumentaux. On découvre également de nombreuses fresques, dont certaines viennent de la collection privée du peintre Diego Rivera.

A son apogée, du 3 e au 5 e siècle, la cité était extrêmement attrayante; elle connaissait une forte immigration, et elle était en contact avec de nombreuses autres cités mésoaméricaines (notamment incas). Organisée politiquement en près de 2 000 quartiers, Tehotihuacan mêlait guerre et commerce, politique et religion. Des sacrifices humains avaient lieu, notamment de prisonniers de guerre.

Les dieux de la cité ont largement inspiré les Aztèques. Il y a bien sûr le Dieu-Serpent, le Dieu du feu, mais aussi un étrange Dieu qui ressemble à un homme qui porte un masque : Xipe Totec (“Notre dieu l’écorché en nahuatl) était le Dieu des orfèvres et des métallurgistes, et c’est en son honneur que l’on dépouillait les peau des victimes pour en revêtir les prêtres, toujours somptueusement parés.

Ce que l’on sait de la vie quotidienne des habitants de Tehotihuacan est également dévoilé, notamment à travers des figurines anthropomorphiques et des pièces d’artisanat très élaborées, comme ce pot aux allures de grand oiseau :

Construite selon l’axe de l’allée des morts, que reprend la scénographie de l’exposition, Tehotihuacan semble parfois aussi macabre qu’elle était puissante. Le mystérieux déclin de la cité, entre 550 et 650, ainsi que le vandalisme qui a touché jusqu’au masque de la mort (voir ci-dessous) ajoutent encore à cette atmosphère fantomatique.

L’exposition est aussi l’occasion d’aller visiter les immenses collections amérindiennes du musée du quai Branly.

Pour ceux qui veulent aller plus loin, un colloque sur Tehotihuacan aura lieu au musée, les 8 et 9 octobre.

Et pour ceux qui ne peuvent se rendre au Mexique pour célébrer la grandiose fête des morts, selon la coutume précolombienne, le musée propose du 24 octobre au 1er novembre de la célébrer à Paris. Les enfants sont également conviés à participer au bal rituel devant l’autel des morts.

Tehotihuacan, cité des Dieux“, jusqu’au 24 janvier, mardi, mercredi et dimanche de 11h à 19h ; jeudi, vendredi et samedi de 11h à 21h. 7 euros plein tarif et 5 euros tarif réduit, 37, quai Branly, Paris 7e, m° Alma-Marceau, RER Pont de l’Alma ou Champs de Mars, Tél : 01 56 61 70 00.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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