
Trump vs. la culture épisode 123087984: Washington se retire de l’Unesco
Washington a annoncé hier son retrait de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). Une décision qui s’inscrit dans la politique culturelle menée par le président Donald Trump depuis son investiture en janvier dernier.
«Anti-israelienne». C’est la raison pour laquelle les États-Unis ont annoncé jeudi leur retrait de l’Unesco, mettant fin à une relation qui battait de l’aile depuis des années. En 2011 déjà le pays avait suspendu toute contribution financière suite à l’entrée de la Palestine au sein de l’organisation. Cette fois-ci l’objet de la discorde s’appelle Hébron, petite ville palestinienne considérée comme sainte par les trois grands monothéismes et l’une des plus vieilles cités du Proche-Orient. Son entrée au patrimoine mondial a suscité la colère de Washington, qui se retire donc entièrement de l’Unesco, où il siégeait parmi les 58 membres du conseil exécutif. Israël lui emboitera le pas quelques heures plus tard.
Cette décision s’inscrit sans surprise dans la politique culturelle du parti Républicain. L’unilatéralisme et la non-intervention comme mots d’ordre, encore et toujours. En mars dernier, déjà, le président Donald Trump avait tronqué une bonne partie du budget culture, supprimant les financements de quatre agences fédérales, dont le National Endowments for Arts, ainsi que les fonds alloués à l’audiovisuel public et à l’Institute of Museums and Library Services, principale source de financement des bibliothèques et musées américains. Selon le parti Républicain, l’état ne doit tout simplement pas s’impliquer dans la culture, tout comme il ne doit pas intervenir dans la santé ou l’éducation. On retombe dans le bon vieux «God helps those who help themselves» («aide toi et le ciel t’aidera»), dicton adoré des Américains car reflétant leur crainte d’un pouvoir exécutif trop important, comme celui de la monarchie anglaise. Si les institutions américaines telles que le MET de New York ou le Art Institute de Chicago ne devraient pas – ou alors très peu – souffrir de cette coupe budgétaire, ce sont les structures plus petites, et donc plus vulnérables, qui risquent de disparaitre; celles-là même qui défendent, et promeuvent, l’art et la culture des minorités qui n’ont, déjà, que très peu de moyens de s’exprimer.
Sad to see the history and culture of our great country being ripped apart with the removal of our beautiful statues and monuments. You…..
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 17 août 2017
…the beauty that is being taken out of our cities, towns and parks will be greatly missed and never able to be comparably replaced!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 17 août 2017
Mais attention, n’allez pas croire que Donald Trump se fiche complétement de la culture. Au contraire, elle lui tient beaucoup à cœur. Après les émeutes de Charlottesville, par exemple, le président américain avait pris position contre la destruction des statues célébrant les héros du sud confédéré, affirmant dans un tweet qu’il était «triste de voir l’histoire et la culture de notre grand pays mises en pièce par le retrait de nos magnifiques statues et monuments». Rappelons le, les statues et monuments en question célébraient des personnes pro-esclavagistes. Et d’enchainer, «la beauté qui est retirée de nos villes et de nos parcs sera bien regrettée et ne pourra jamais être remplacée!» Alors oui, la culture, Donald Trump la soutient. Mais seulement lorsqu’elle illustre ses valeurs.
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