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Le raï algérien rentre au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO

Le raï algérien rentre au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO

02 December 2022 | PAR Mai Linh Tang Stievenard

Les membres du comité du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO se sont réunis à Rabat. Ce comité recense les pratiques et savoirs immatériels témoignant de la diversité des cultures et des traditions. Après la baguette de pain, c’est le raï algérien qui a fait son entrée jeudi au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

L’histoire du raï

Le raï est un chant populaire algérien. Apparu dans les années 30, celui-ci était à l’origine pratiqué en milieu rural dans les communautés de pasteurs nomades des hautes pleines steppiques et du Sahara. Les doyens chantaient des textes poétiques en arabe vernaculaire, accompagnés d’un orchestre traditionnel, selon l’UNESCO.

Le raï s’épanouit en 1962, après l’indépendance de l’Algérie. C’est au cours de l’exode rural vers les centres urbains qui a suivi qu’Oran en devient la capitale. Dans les années 80-90, le raï explose et se modernise sous l’influence de chebs (jeunes en arabe). Le raï gagne en popularité avec des artistes de renommée internationale comme Cheb Khaled, Cheba Zahouania et Cheb Mami. Signifiant « mon opinion » en arabe, le raï est un moyen d’exprimer la réalité sociale sans censure ni tabou en abordant des thèmes comme l’amour, la liberté, le désespoir ou encore la lutte contre les pressions sociales. Le raï se diffuse dans le monde à travers l’importante diaspora algérienne en Europe et plus particulièrement en France. Cet été, la star planétaire franco-algérienne DJ Snake a donné une nouvelle impulsion au raï dans son tube Disco Maghreb, du nom de la célèbre maison de disques oranaise. 

La paternité du raï au centre du conflit culturel Maroc – Algérie 

Quelle ironie du sort que de savoir que le Maroc, qui préside cette 17e session, récompensait jeudi le raï algérien du prestigieux label onusien ! En effet, entre rivalités politiques, diplomatiques et culturelles, le Maroc et l’Algérie se disputait notamment la paternité du raï. En 2020, l’Algérie avait déposé sa candidature après une tentative infructueuse en 2016, suscitant une polémique au Maroc. Aujourd’hui, la démarche continue à agacer l’Empire chérifien. L’ambassadeur marocain auprès de l’Unesco, Samir Addahre, a ainsi regretté de « ne pas avoir pu présenter un dossier commun » avec l’Algérie étant donné la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. Enfin, du côté algérien, Nasreddine Touil, membre de l’association Art-culture et protection du patrimoine musical oranais, estime que « Le débat est clos. De grands artistes marocains reconnaissent eux-mêmes que le raï est 100 % algérien ».

 

Visuel : Les stars du raï en Algérie retrouvent leurs fans / © Magharebia – Creative Commons BY 2.0.

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Mai Linh Tang Stievenard

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