
Téhéran: arrestation de l’anthropologue Fariba Adelkhah
Depuis le mois de juin, l’anthropologue franco-iranienne Fariba Adelkhah est détenue en prison à Téhéran. Celle-ci a été arrêtée par les services de renseignements des Gardiens de la Révolution. Son tort ? Ils l’accusent d’espionnage.
Iran. Ce Lundi 15 juillet, le président de la République, Emmanuel Macron, déclarait lors d’une conférence de presse : “Ce qui s’est passé me préoccupe beaucoup, nous en sommes informés depuis plusieurs jours.” Le lendemain c’est l’Autorité judiciaire qui confirme que la chercheuse franco-iranienne, Fariba Adelkhah, est bel et bien enfermée dans la prison d’Evin, au nord de Téhéran. La spécialiste de l’islam chiite qui effectuait, dans le cadre de ses recherches, de nombreux allers-retour entre l’Iran et la France, a été arrêtée le 5 juin par les services de renseignements des Gardiens de la Révolution, qui l’accusent d’espionnage.
Fariba Adelkhah est née en 1959 à Téhéran. Elle décide de quitter son pays et de s’envoler pour la France afin de poursuivre ses études. Là-bas elle entreprend de faire une carrière d’anthropologue, et s’inscrit donc à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris. En 1990 sa thèse sur les femmes en Iran (Une approche anthropologique de l’Iran post-révolutionnaire. Le cas des femmes islamiques) est très remarquée, puisqu’elle reçoit la mention très honorable. Elle devient directrice de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques, et chercheuse au CERI de Sciences Po. Son goût pour le terrain la mène à écrire quelques ouvrages destinés à comprendre l’évolution de la société iranienne après la révolution islamique de 1979 (Etre moderne en Iran, 1998). Très vite son indépendance, sa liberté, dérangent. Elle qui “a toujours refusé de condamner le régime de la République islamique” selon son collègue et ancien directeur du CERI Jean-François Bayart (source AFP), est mal perçue par le pouvoir Iranien. Elle l’explique elle-même en 2009, lors d’un entretien à l’Express, que “L’Iran ne connaît pas l’autonomie de la recherche. Le chercheur y est considéré comme un agent 007”.
©Visuel: Fariba Adelkhah, Wikimedia Commons.