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Charlie Hebdo à l’assaut des Mollah, Téhéran gronde

Charlie Hebdo à l’assaut des Mollah, Téhéran gronde

06 January 2023 | PAR Camille Curnier

Huit ans après l’attentat visant sa rédaction, le journal satirique Charlie Hebdo décide de lancer un concours de caricature afin d’apporter son soutien au mouvement de contestation iranien et de dénoncer le pouvoir religieux du leader Ali Khamenei. Les autorités politiques iraniennes adoptent une posture défensive et annonce des mesures en riposte. 

La liberté d’expression face aux détracteurs

“MOLLAHS, RETOURNEZ D’OÙ VOUS VENEZ !”. Voici ce que vous pourrez retrouver en une de Charlie Hebdo ce samedi 7 janvier, ainsi qu’une trentaine de caricatures éparpillées entre les pages du journal.

L’hebdomadaire satirique a décidé d’afficher son soutien au mouvement de contestation iranien en publiant le résultat d’un concours de caricature dans son nouveau numéro paru ce mercredi 4 janvier. Lancé depuis début décembre, ce concours s’adressait aux caricaturistes et aux dessinateur·ice·s de presse de tout âge et de toute nationalité. Le principe est simple, “réaliser la caricature la plus drôle et méchante d’Ali Khamenei, Guide suprême de la République islamique d’Iran”.

L’idée est venue de Riss, le directeur de Charlie Hebdo: “On voulait soutenir ce qui se passait en Iran […], en voyant Ali Khamenei, qui n’est pas un personnage qu’on voit souvent dans les médias, on s’est dit qu’il avait une bonne tête à caricaturer. Après, on s’est demandé, est-ce qu’il faut que ce soit nous, ou doit-on faire appel à des dessinateurs du monde entier”, explique-t-il à Libération. En l’espace d’un mois, la rédaction du journal a reçu plus de 300 dessins amateurs ou professionnels, provenant du monde entier. La majeure partie des caricatures publiées sont principalement des œuvres d’Iranien·ne·s, pour la plupart réfugié·e·s à l’étranger et en France.

Cette édition spéciale sort également à l’occasion de la date commémorative du 7 janvier, huit ans après les attentats ayant visé la rédaction du journal, et qui ont coûté la vie à douze personnes. De quoi rappeler au monde entier l’importance de la liberté d’expression dans la presse et de réaffirmer sa position contre l’intolérance des pouvoirs autoritaires et religieux en Iran.

Une réponse attendue des autorités iraniennes

Les caricatures mettent pour la plupart en scène une vision forte d’un pouvoir religieux rétrograde, ridiculisé par des figures féminines. On retrouve également plusieurs dessins d’ordre sexuel montrant l’ayatollah Khamenei et d’autres religieux iraniens. En se moquant une nouvelle fois d’un chef religieux musulman et en le “renvoyant dans les poubelles de l’Histoire”, le journal s’attendait à de potentielles représailles de la part de ceux que ces estampes offenseraient; et en effet, la réaction iranienne s’est rapidement faite savoir.

Dès le 12 décembre déjà, quelques jours seulement après l’ouverture du concours par Charlie Hebdo, une des agences de presse nationales d’Iran indiquait qu’une liste de personnes et d’entités défavorables au régime avait été crée, afin de mettre en place des sanctions et des interdictions d’entrée sur le territoire.

Depuis la parution des caricatures, le site internet de Charlie Hebdo a été victime d’une attaque informatique, paralysant notamment l’accès à la boutique et à la page d’accueil. Des informations personnelles ainsi que des données auraient été par ailleurs mises en vente sur le darkweb, mettant en danger les quelques milliers d’abonné·e·s du journal.

La république islamique d’Iran a quant à elle annoncé hier, la fermeture de l’Institut Français de Recherche en Iran (IRFI), jugeant insultante la publication du journal français. “L’acte insultant et indécent d’une publication française en publiant des caricatures contre l’autorité religieuse et politique ne restera pas sans réponse efficace et ferme “, a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian sur Twitter. ” Nous ne permettrons pas au gouvernement français de dépasser les bornes”, a-t-il ajouté.

VISUEL: Une du journal Charlie Hebdo, n°1589 – 4 janvier 2023

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