Fictions
“Mon cœur bat vite” de Nadia Chonville : venger le sang

“Mon cœur bat vite” de Nadia Chonville : venger le sang

06 January 2023 | PAR Marine Stisi
Que dit de nous le vécu de nos ancêtres ? Comment faire pour outrepasser la douleur, le mépris, la colère ? Dans Mon cœur bat vite, le premier roman de l’autrice martiniquaise Nadia Chonville publié aux Editions québécoises Mémoire d’encrier, la mémoire et les douleurs intergénérationnelles sont le sujet d’une histoire saisissante et d’une grande tragédie moderne.
 
Dans le ciel, les oiseaux de mauvaise augure ne peuvent cacher plus longtemps la raison de leur excitation. Derrière les fenêtres d’une petite case dans une rue sans histoire, la mort a déjà emporté avec elle un petit garçon et son père. Les cadavres gisent là et la scène de crime ne tarde pas à être découverte. Dehors, le bruit court, c’est une femme qui a fait ça, le monstre, c’est encore pire que tout, est une femme. Une femme qui est d’ores et déjà en route pour achever sa mission. Ils étaient trois sur sa liste, ils n’en restera plus. 
 
Cette histoire terrible nous est contée par celle que ces trois hommes unissaient. Pour l’un elle était la fille, pour l’autre l’amante et pour le dernier, la mère. Edith tente de comprendre, malgré la douleur, ce qui a fait tomber son frère, Kim, dans une une telle barbarie. Dans son récit, on devine une folie palpable et grandissante qui a poussé cet homme, assigné femme à la naissance, à vouloir venger ses ancêtres, les femmes de sa famille, de la cruauté des hommes de sa lignée. Pour réparer, le croit-il, ils doivent payer. Mais, venge-t-on son sang en en faisant couler un autre ? Et qui venge-t-on, exactement ?

Ecrire l’île

Dans la lignée d’auteurs et autrices tels que Maryse Condé, Nadia Chonville fait de son île, la Martinique, un décor incarné de son récit. Sous sa plume, on découvre une île peuplée de fantômes, dont les enfants fuient en nombre pour parfois ne jamais revenir. Dans cette atmosphère gorgée d’esprits, les réalités se croisent et se brouillent, comme les frontières entre le bien et le mal. Le ventre noué, on cherche des réponses, on tente de comprendre, sans y parvenir. La dernière page tournée, on sait aussi que l’on gardera longtemps les très fortes émotions ressenties pendant cette grande lecture. 
 
Publication : le 6 janvier 2023
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Marine Stisi
30% théâtre, 30% bouquins, 30% girl power et 10% petits chatons mignons qui tombent d'une table sans jamais se faire mal. Je n'aime pas faire la cuisine, mais j'aime bien manger.

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