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Enseignants grévistes: leur réponse à Emmanuel Macron

Enseignants grévistes: leur réponse à Emmanuel Macron

15 July 2019 | PAR Anna Geslin

Dans une tribune à Libération, 450 enseignants répliquent aux propos d’Emmanuel Macron au sujet de la grève des professeurs qui s’opposent à la réforme du baccalauréat. Celui-ci remettait en cause cette grève s’apparentant à une “prise d’otages” des élèves et de leurs familles. Réponse des enseignants grévistes…

 

Tous les médias en ont parlé: copies retenues, jurys de bac bloqués, notes provisoires… Les 740 000 candidats ont vécu cette année une édition du bac assez particulière. Mais alors, pourquoi les enseignants sont-ils tant en colère ? 

700 grévistes selon la ministère de l’éducation et 3000 selon les collectifs “Bloquons Blanquer” et les “Stylos rouges”. Un désaccord de plus entre le gouvernement et ces enseignants, qui s’écharpent déjà depuis plusieurs semaines sur la réforme du baccalauréat, qui entrera normalement en vigueur en juin 2021. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale, a décidé de supprimer les trois filières générales (L,ES & S) au profit de quatre matières différentes qui feront office de spécialités. Les terminales ne seront interrogés que sur quatre matières, et une grosse part de contrôle continu (60%) comptera pour le baccalauréat. La création d’un grand oral divise aussi, certains jugeant cette épreuve “discriminante” pour les élèves qui ne seraient pas à l’aise à l’oral. Les enseignants ont donc retenu les copies du bac, refusant de les corriger, comme contestation à cette réforme, qui pour eux “rompt avec ce principe d’égalité”. Les candidats ont finalement obtenu leurs notes vendredi 5 juillet.

Comme réponse à ces grèves, Emmanuel Macron est intervenu à Franceinfo, faisant ainsi part de sa ferme opposition aux revendications des enseignants. Il a notamment condamné la rétention des copies de bac, déclarant: “Quand on est enseignant de la République française, on a des droits mais l’on a des devoirs aussi.”  Les 450 enseignants ont donc contre-attaqué avec une tribune dans Libération.

Tout au long du texte les enseignants s’évertuent à répondre à ce verbatim en affirmant leur total engagement dans cette profession. Ils pointent le fait qu’être enseignant nécessite un certain “sens du devoir”, puisqu’ils s’engagent dès le départ en tant que fonctionnaire à “servir le bien commun”. Il est donc primordial pour eux que tous les élèves puissent avoir accès “à des savoirs d’égale qualité”. Ils s’attaquent aussi à cette notion de “prise d’otages”, en insistant sur le fait qu’en tant que citoyens ils sont tout à fait légitimes de jouir de ce droit de grève qui est pour eux non pas un “caprice mais un devoir”. En aucun cas ils qualifieraient leur acte de prise d’otages puisqu’ils “respectent les élèves, […] les familles” et leur rôle est de “s’occuper de tous et veiller sur chacun.” Enfin cette tribune est aussi l’occasion pour eux d’expliquer leur démarche et leurs revendications. S’ils luttent depuis des mois auprès de leurs élèves c’est dans le but de défendre “l’égalité républicaine qui est mise en danger”. En effet la réforme du baccalauréat entraîne selon eux des “évaluations permanentes, des classes surchargées, des programmes imposés sans concertations”. Ils ajoutent aussi qu’elle “supprime le caractère national du baccalauréat […], organise la concurrence entre les établissements et entre les disciplines, […] et nuit à la qualité de l’enseignement”. Ainsi, au travers de la tribune on comprend que le litige concernant la réforme Blanquer n’est pas tout à fait terminé, et que le débat autour du bac a encore de beaux jours devant lui…

© Visuel: Manifestation contre la loi Blanquer à Paris, Flickr. 

L’agenda culture de la semaine du 15 juillet 2019
La playlist typiquement french
Anna Geslin

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