Théâtre
Les Zébrures d’Automne ouvrent la première de « L’impossible procès », qui met en lumière les émeutes malconnues de Mai 1967 en Guadeloupe

Les Zébrures d’Automne ouvrent la première de « L’impossible procès », qui met en lumière les émeutes malconnues de Mai 1967 en Guadeloupe

29 September 2020 | PAR Chloé Coppalle

Un an avant mai 1968, il y a eu mai 1967 en Guadeloupe, où des grèves ouvrières et des manifestations spontanées éclatent, mais où une répression sanglante sera menée, et où dix-huit membres du Groupe d’Organisation Nationale de la Guadeloupe (G.O.N.G) seront jugés dans un procès historique et contesté. Ce lundi, les Zébrures d’Automne de Limoges présentait la première de L’impossible procès, dans une mise en scène très dense imaginée par Luc Saint-Éloy.

 

L’histoire repose sur des faits réels. Entre le 26 et le 27 mai 1967, des émeutes touchent la Guadeloupe. Deux raisons décident de ce soulèvement : premièrement, un acte raciste provoqué par un marchand de chaussures blanc qui refuse qu’un vendeur guadeloupéen installe son étale en face de sa boutique, et qui décide alors de lancer son chien sur le vieil homme. Deuxièmement, des grèves ouvrières qui éclatent le 24 mai 1967, pour réclamer une augmentation de salaire de 2,5% et une meilleure équité des droits sociaux. Des manifestations éclatent, et la répression de cette grève sera extrêmement violente, tellement violente que le nombre de morts restera officiellement inexact. À l’époque, 8 morts seulement sont annoncés par le gouvernement français, or toujours aujourd’hui les chiffres sont imprécis et contestés, et de nombreux mystères restent en suspens par rapport à cette affaire. Pour le gouvernement, c’est le G.O.N.G (Groupe d’Organisation Nationale de la Guadeloupe) qui serait responsable des émeutes. Dix-huit militants vivant à la fois en métropole et en Guadeloupe sont alors jugés. Le procès aura lieu à Paris du 19 février au 1er mars 1968, et les prévenus seront massivement soutenus, notamment par des personnalités publiques importantes comme Jean-Paul Sartre ou Aimé Césaire. C’est ce procès que raconte la pièce de Guy Lafages, dont l’enjeu était de faire connaître cet épisode encore très souvent méconnu aujourd’hui.

L’impossible procès résonne encore tristement avec l’actualité par un vocabulaire réutilisé dernièrement qui qualifie les actions anti-coloniales d’actes « suprématistes », alors que la pièce rappelle que ces actions « ne sont pas contre la France », mais « contre l’impérialisme français », et que le seul moyen de résoudre ces problématiques restent définitivement l’éducation et l’enseignement, quand on sait qu’en France tout ces larges et complexes pans de l’histoire ne sont jamais réellement enseignés à l’école.

Magistralement portée par Pierre Santini, qui incarne le juge de l’affaire, L’impossible procès est ici interprété par six comédiens qui incarnent les dix huit accusés. Trois autres alternent les dix-sept avocats, dans des transitions parfois un peu difficiles à suivre au vue du grand nombre de personnages à jouer pour moins de comédiens. La mise en scène est parfois ponctuée d’extraits de (faux) journaux télévisés qui rythment la pièce, mais qui n’arrivent pas à faire oublier sa longueur, malgré un texte ponctué de moments drôles et de l’énergie de toute l’équipe.

Visuel : ©Denis-Felix

Représentations
Tournée à L’épée de Bois à La cartoucherie, Route du Champ de Manœuvre, 75012 Paris
Du 05 octobre au 28 octobre 2020
Du lundi au mercredi à 20h30
Dimanche à 17h
Représentation supplémentaire Dimanche 25 octobre à 14h30

Publication originale
L’Impossible procès, Guy Lafages, 2018

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Chloé Coppalle

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