Politique culturelle
Le Rapport Steven Hearn ou Comment encourager entrepreneuriat culturel?

Le Rapport Steven Hearn ou Comment encourager entrepreneuriat culturel?

26 June 2014 | PAR Yaël Hirsch

Commandé l’an dernier, par Aurélie Filippetti, ministre de la culture et de la communication, et Arnaud Montebourg, ministre de l’économie, du redressement productif et du numérique, le rapport de Steven Hearn, directeur de la holding Scintillo et de l’agence d’ingénierie culturelle troisième pôle, a été remis publiquement à la première, hier, à la Gaité Lyrique. Intitulé “Rapport sur le développement de l’entrepreneuriat dans le secteur culturel en France”, ce document explique comment encourager une troisième voie, autre que le mécénat ou la subvention d’état afin de permettre à des entrepreneurs culturels compétents, novateurs et passionnés de créer leurs sociétés et de les faire grandir…

A 17 heures, mercredi 25 juin, dans l’amphithéâtre de la Gaîté lyrique, le spécialiste de l’ingénierie culturelle et fondateur de l’incubateur Creatis, Steven Hearn, remettait son rapport sur le développement de l’entrepreneuriat culturel en France.

photo : yaël hirsch

Reposant sur plus d’une centaine d’entretiens avec des dirigeants de TPE et PME culturels et avec des agents influents du secteur de la culture, ce rapport dresse le constat que les entrepreneurs culturels sont passionnés, créatifs et compétents. Mais que, même s’ils participent activement à l’économie de demain, certains barrages des mentalités et des représentations font que la société a du mal à envisager la culture comme une activité économique fructueuse et que les entrepreneurs eux-mêmes ont tendance à créer ds associations plutôt que des sociétés. Or, en dehors du Mécénat et de l’aide de l’Etat, Steven Hearn est – autant qu’Aurélie Filippetti, persuadé qu’il y a de la place pour de véritables entreprises culturelles, et que ces dernière sont des vrais moteurs pour l’économie du pays.

Afin d’encourager ces initiatives, le directeur de Scintillo a soumis 8 grandes propositions :
1. Insérer les entreprises du secteur culturel dans les programmes existants de stimulation de l’entrepreneuriat et de l’innovation
2. Intégrer certaines entreprises culturelles dans le champ de l’économie sociale et solidaire
3. Accompagner le passage du modèle associatif marchand vers les modèles entrepreneuriaux
4. Créer un outil piloté par Bpifrance consacré à l’amorçage des entreprises du secteur de la culture. Sachant qu’en moyenne, elles ont besoin de 100 à 500 euros pour commencer leur activité,il s’agit de leur permettre de trouver les ressources financières pour mettre le pied à l’étrier. Selon le rapport, il serait opportun de réunir 200 M€ sur cinq ans
5. Favoriser l’émergence et la consolidation de structures d’accompagnement des entrepreneurs du secteur, en leur permettant de créer des synergies de proximité lorsqu’elles sont dans les mêmes régions
6. Soutenir la communication et la réflexion sur le rôle de l’entrepreneur culturel; il s’agit de créer une représentation pour ces acteurs.
7. Encourager la création d’une représentation des entrepreneurs culturels. Et à ce propos, la ministre a annoncé qu’elle réunirait prochainement une partie représentative des 160 000 entrepreneurs culturels
8. Développer le site internet www.entreprendre-culture.fr, ouvert en mai 2014, qui réunit des ressources particulières pour aider les chefs d’entreprises culturelles dans leur stratégie et leur gestion.

Très attentive pendant l’exposé concentré et exhaustif qui lui a été fait, Aurélie Filippetti a d’abord rappelé les chiffres du rapport de l’inspection générale des affaires culturelles (voir notre article) qui montrent pour 2010 qu’en contribuant pour 3,2 % à la richesse nationale (soit 7 fois plus que le secteur automobile), la culture emploie 670 000 personnes en France (2.5 % des actifs). Elle a établi un lien naturel entre la culture et et entrepreneuriat, par le biais de la création, avant de soutenir la plupart des 8 propositions de Steven Hearn , sauf peut-être le point 4 en rappelant que l’IFCIC (Institut pour le financement du cinéma et des industries culturelles) existe déjà. Elle a aussi mis l’accent sur l’importance des régions pour le soutien des entreprises culturelles.

Ce jeudi 26 juin, un communiqué conjoint des deux ministères de la culture et de l’économie  rappelait l’attention qu’ils portaient aux suggestions du rapport et annonçait que les “deux Ministres ont convenu de faire le point sur le développement de ce secteur et sur l’application des mesures retenues d’ici un an”.

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Yaël Hirsch
Co-responsable de la rédaction, Yaël est journaliste (carte de presse n° 116976), docteure en sciences-politiques, chargée de cours à Sciences-Po Paris dont elle est diplômée et titulaire d’un DEA en littérature comparée à la Sorbonne. Elle écrit dans toutes les rubriques, avec un fort accent sur les livres et les expositions. Contact : [email protected]

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