Exit Megaupload: Les tracas de la Toile s’étendent au Monde réel
Jeudi soir, sous l’influence de la loi SOPA à présent suspendue, le FBI fermé la plateforme de téléchargement et de partage de fichiers Megaupload. Dans la foulée ses fondateurs se sont fait arrêter. Les politiques, les pirates du net et même les internautes s’en mêlent. Retour sur l’affaire virtuelle de l’année.
Megaupload avant sa fermeture, était le 13e site le plus visité au Monde, 180 millions d’utilisateurs, 12 milliards de fichiers et 175 millions de revenus en sept ans. Et surtout, le site représentait 4% du trafic internet mondial. Ce matin ses fondateurs ont été arrêtés à Hong-Kong et en Australie. Le créateur emblématique du site Kim Schmitz, a été appréhendé dans sa villa d’Auckland, dans sa chambre forte, un canon scié à portée de mains. Ses comptes se sont vus gelés, sa maison fouillée, ses voitures embarquées. Il comparaîtra lundi devant la justice australienne et les Etats-Unis demandent déjà son extradition.
Le site n’était pas simplement une plateforme de téléchargement illégal. Il permettait à tout internaute de partager ses propres fichiers(limité à 1 Go sans abonnement et illimité avec ) avec le monde entier. Mais Megaupload était surtout connu pour être le site de téléchargement direct le plus performant au Monde. Seul problème, les diffuseurs de contenus ne respectaient pas la loi sur les droits d’auteurs et ne reversaient aucun centime.
Jusqu’à aujourd’hui, aucun Etat n’était en mesure d’agir contre ce genre de contrevenants, virtuels et basés dans des pays hors de leurs juridictions.
Mais les Etats-Unis et le lobby de l’industrie du cinéma ont sortis leur botte secrète: le Stop Online Piracy Act(SOPA). Avec cette loi, les détenteurs des copyrights( les droits de diffusion) peuvent sur la simple base d’un soupçon faire fermer un site internet et qu’il soit à New York ou en Azerbadjan. C’est une première mondiale et l’instigateur de ce projet se nomme Lamar Smith, un haut représentant du parti républicain. Mais la loi est dorénavant suspendue. Sous la pression des acteurs d’internet, les sénateurs ont changé leur fusil d’épaule.
En guise de réponses à cette SOPA et à la fermeture de Megaupload, les différents acteurs du Net ont pointé le bout de leur nez. A commencer par Wikipedia Angleterre qui a fermé pendant 24h. Les hackers d’Anonymous, eux, ont piraté l’accès aux sites du FBI, de la Motion Picture et d’Universal Music et ce 15 minutes après l’annonce par la justice américaine de l’arrêt de Megaupload. D’autres entreprises de la toile comme la Quadrature du net se lèvent contre la SOPA. Ils dénoncent une entrave à la liberté d’expression et d’information dans le monde virtuel.
En théorie, cette loi doit permettre de lutter contre le téléchargement illégal et donc de préserver la propriété intellectuelle et financière des auteurs. Mais la réalité semble moins rose. En effet, ce sont les multinationales de l’industrie du film et de la musique (aux usa) qui sont à l’origine de ce « project act ». Ils veulent stopper toutes les pertes d’argent dûes aux téléchargements illégaux. Et ils ne se sont pas attaqués à Megaupload par hasard. Le site aurait fait perdre plus de 500 millions de dollars aux ayants droits(sachant que l’industrie hollywoodienne a engrangé 110 milliards de bénéfice net en 2011).
En France, les réactions affluent de toute part. La SACD(société des auteurs et des compositeurs dramatiques) se réjouit de l’arrêt définitif de la plateforme de téléchargement et espère que la France prendra exemple sur les Etats-Unis en matière de lutte contre la contrefaçon numérique. Le Président s’est aussi enthousiasmé et affirme que le combat contre les sites de téléchargements illégaux est essentielle pour préserver toute forme de culture et de création. En revanche, l’opposition n’est pas de cet avis. Eva Joly, candidate des verts à la Présidentielle, dénonce la manière dont luttent les pouvoirs publics: « Faute de stratégie publique intelligente, et de réflexion internationale indépendante des lobbies, on continuera à assister à une guerre de l’industrie du copyright face aux créatures qu’elle a engendré ». François Hollande, lui, se dit prêt à supprimer la loi Hadopi, trop peu efficace, s’il est élu. Mais il ne donne pas plus de précision sur les mesures qu’il mettrait en place.
Le SOPA et la fermeture symbolique du site Megaupload a relancé le débat sur la propriété intellectuelle et sur la légifération du Net. Une page se tourne, les Etats vont sûrement être de plus en plus présent sur la Toile et tout l’enjeu pour les citoyens de l’internet va être de faire respecter la liberté d’expression et d’information de chacun.
Tous les artistes ne sont pas contre le téléchargement illégal. Rappelez-vous, il n’y a pas si longtemps, des stars de la musique chantonnaient la gloire de Megaupload. Cela s’appelait Megasong et cela sera le seul souvenir du site qui a peut-être bercé vos soirées du dimanche soir.
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2 thoughts on “Exit Megaupload: Les tracas de la Toile s’étendent au Monde réel”
Commentaire(s)
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thor94
Vous vous mélangez completement.
La SOPA n’est pas encore voté.
wiki n’a pas fermé pour protester contre la fermeture de mega, mais juste contre SOPA et sa soeur.
En plus les ricains ont outrepassé leurs fonctions en agissant au niveau mondiale sur un site étranger, sans aucun procès avec une loi meme pas voté.
LLT
La loi est finalement suspendue. Et comme vous pouvez le lire cher Thor94, je n’ai en aucun cas affirmé que Wiki Angleterre avait fermé en soutien à Megaupload. Les américains ont certes outrepassé leurs fonctions, mais c’est grâce à un serveur du site basé aux Etats-Unis qu’ils ont pu le fermer. Ils n’auraient pas pu si tous les serveurs de la plateforme de téléchargement se trouvaient à l’étranger.