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L’Institut du monde arabe, le repère du foot africain

L’Institut du monde arabe, le repère du foot africain

19 July 2019 | PAR Donia Ismail

Depuis plusieurs semaines, le musée parisien vibre au rythme de la Coupe d’Afrique des Nations. En proposant des diffusions sur écran géant, il permet ainsi aux diasporas maghrébines de se rassembler et célébrer le football.

Un silence religieux plane dans l’auditorium de l’Institut du monde arabe. Le stresse monte. La 95e minute se joue. Au score, un nul parfait. Riyad Mahrez se positionne pour le dernier coup franc du temps réglementaire, avant d’entamer les prolongations. « C’est sa spécialité » murmure Djamel, 35 ans. Certains détournent leurs regards de l’écran géant. D’autres lancent des incantations. « On ne survivra jamais les prolongations » dit amèrement Lydia, 23 ans. Le sifflet retentit, l’heure pour l’attaquant de Manchester City de faire rayonner l’Algérie. Le but est marqué, et simultanément les centaines d’Algériens présents exultent. Les murs vibrent sous la ferveur de tout un peuple. « One, two, three, viva l’Algérie! », répètent-ils. Vingt neuf ans après, l’Algérie s’offre sa première finale en Coupe d’Afrique des Nations.

La demi-finale Algérie – Nigéria était annoncée pour 21h. Pourtant, dès 19h la foule s’amassait aux abords de l’Institut du monde arabe. Deux queues sont dessinées : celle des chanceux qui ont réussi à s’emparer de places et d’autres qui tentent le tout pour le tout. « Elles sont parties en une fraction de seconde ! » explique Selma, « Nous avons décidé de nous déplacer tout de même et voir ce qui allait se passer ». Bonheur pour les malchanceux, l’IMA annonce l’ouverture d’autres salles. Une nouvelle, largement acclamée pour les visiteurs. « On ne s’imaginait pas regarder cette demi-finale autre part. L’ambiance y est décuplée. On se croirait en Algérie », admet Farid, 45 ans.

« Un geste fort »

Depuis le début de cette Coupe d’Afrique des Nations, l’Institut du monde arabe s’est donné la mission de retransmettre un maximum de matchs, donnant ainsi la possibilité aux importantes diasporas africaines sur le territoire de célébrer leurs équipes ensemble, dans un même lieu. Une attention particulièrement touchante pour Nacéra, 54 ans. « Le football a une place importante en Algérie. Pouvoir fêter ensemble ce qui nous rapproche est un geste fort et beau ».

Cette ferveur, Jack Lang l’avait prévue. « Les gens ne veulent pas suivre un match, scotché à un écran depuis leur canapé. Ils veulent vibrer, partager, célébrer ensemble », déclare l’ancien ministre de la Culture. « Je sais l’enthousiasme de cette jeunesse. Il fallait leur octroyer un espace à la hauteur de leur espérance ». La mise en place de telles soirées était ainsi « logiques » selon le président de l’institut du monde arabe, qui par ailleurs dédie une exposition sur le football dans le monde arabe.

« C’est une malédiction »

L’Algérie marque son premier but, quelques minutes avant la fin de la première mi-temps. « Un soulagement », lâche Jad, 16 ans. L’arbitre siffle la fin des premières 45e minutes. La musique reprend. Au fond de la salle, des tambours et trompettes s’élèvent. Des centaines de drapeaux dansent au rythme des chants de stades. « C’était merveilleux, extraordinaire je dirais même! », confie Jack Lang émerveillé qui était présent ce dimanche soir dans l’auditorium. « Ce n’était pas qu’un simple exploit sportif, mais un véritable acte de reconnaissance. J’ai vécu cela comme un moment rare, émouvant ».

L’euphorie fait place à la désillusion. Un penalty est concédé au Nigéria. On rouspète, demande des comptes à l’arbitre. « C’est une malédiction ! », dit Lydia. « C’est injuste! ». Elle détourne les yeux, le but est marqué. Le Nigéria revient dans la course, il y a tout à refaire. Mais cela ne décourage pas les supporteurs. Aussitôt les chants reprennent, de plus fort, comme s’ils espéraient que les joueurs, au Caire, les entendent. À la télé, on entend que les Algériens subissent le match, mais on espère un miracle. « Un penalty de dernière minute peut-être? », s’interroge Sandra, 20 ans. Un coup franc plutôt, libérateur, signé Riyad Mahrez. « Une oeuvre d’art » ironise Jad. Personne n’y croit : l’Algérie est qualifiée pour la finale. Tout s’écrit à présent.

 

Si comme Jad, Lydia, Sandra ou Farid, vous souhaitez assister à la diffusion de matchs, rendez-vous sur le site de l’Institut du monde arabe, pour plus d’informations.

 

©Twitter/imarabe

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