
Les archives de la police sous le régime de Vichy bientôt en ligne
Cette semaine, la Préfecture de police a annoncé le lancement de la numérisation des archives de la police sous Le Régime de Vichy. Procès verbaux, lettres de délation, interrogatoires… autant de documents qui, au risque de nombreuses désillusions, seront bientôt accessibles au grand public.
La liste de ces documents semble interminable: ce sont 200 000 lettres et manuscrits, étalés sur près de 15 kilomètres de rayonnages des archives de la préfecture qui vont bientôt être dévoilés. Auparavant disponibles uniquement aux historiens, chercheurs et écrivains sur demande, ces témoignages de la seconde guerre mondiale ont jusqu’ici été protégés par la loi, pour une durée de 75 ans. C’est donc à partir de 2015, année d’expiration du délai, que les documents vont être progressivement numérisés, ce jusqu’en 2019.
Toutefois, avant d’être accessibles, le SMAC (service de la mémoire et des affaires culturelles) devra effectuer un travail de sauvegarde de ces tristes vestiges. Écrits sur des papiers de très mauvaise qualité, ils sont particulièrement fragiles. Certains d’entres eux, ont même été écrits, fautes de moyens, sur des supports constitués de pelures. Le SMAC fera donc avant tout appel aux techniques de numérisation les plus fines…
Néanmoins, la question des raisons d’un tel délai se pose. La réponse? les noms. En effet, chaque document, témoignant de la traque des minorités, des juifs et des résistants, les rapports de filatures et lettres de délation ont soigneusement été répertoriés par les anciennes Brigades Spéciales. A la sortie de la guerre, le gouvernement français avait jugé bon d’établir un “délai de sérénité”, sensé éviter un déchaînement de représailles auprès des intéressés, et potentiellement de leur famille.
Une méthode compréhensible, mais qui reste pour le moins discutable. Déjà parce qu’elle soulève un débat sur l’accessibilité des citoyens à leur histoire et leur devoir de mémoire, qui est loin d’être caduque. En effet, ce “délai de sérénité” est toujours employé par le gouvernement. D’autres archives délicates du passé de la France, dont celles concernant la guerre d’Algérie, sont encore protégées par ce délai de 75 ans. Si bien qu’il semble tout autant contribuer à la protection des citoyens par le principe de prudence qu’à la conservation de certains secrets d’Etat.
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