Laurent Valera : un artiste attentif aux différentes formes de l’eau
L’eau témoigne des évolutions d’une ville, d’une métropole comme celle de Bordeaux. Elle était l’élément naturel nécessaire à une bonne hygiène. D’où le développement des pratiques de la baignade et l’évolution technique des bains jusqu’aux piscines, que l’on connait aujourd’hui. Aux archives de Bordeaux Métropole, l’exposition Bordeaux-les-Bains, les bienfaits de l’eau, XVIIIe – XXe siècles raconte cette histoire.
Pour Laurent Valera, le contact avec l’eau est vivifiant et permet de ressentir une profonde énergie. Ses œuvres dialoguent avec les documents historiques et les archives présentées. Chacune, par les matériaux qu’elles revêtent, témoignent d’expériences sensibles vécues dans l’eau. Elles incarnent diverses affinités que nous pouvons ressentir en nous laissant rencontrer cet élément vivant.
Dès l’entrée des archives, sa sculpture Lâcher la Bride, réalisée avec des robinets en laiton nous invite à réfléchir à nos manières de conditionner l’eau. À force d’être soumise à des conduits et domestiquée, celle-ci n’est plus qu’un fluide maîtrisé. Cette œuvre nous fait prendre également conscience qu’il existe encore une certaine « eau sauvage », encore préservée de l’action humaine.
Son film Flow, diffusé sur trois écrans en décalé, attire ensuite notre regard. Les mouvements de la Garonne nous captivent… des images pour nous évader, rêver et méditer pendant un moment. Chacun d’entre nous peut se souvenir de moments de ressourcement en prenant le temps de contempler la mer, un fleuve, une rivière.
Tel un historien ou un archéologue, Laurent Valera cherche à faire remonter à la surface les caractéristiques de l’eau, à la fois calme et à l’origine de phénomènes naturels, pouvant perturber l’environnement. Observateur aiguisé de son quotidien, il porte son attention sur des fragments d’éléments, traces de transformations urbaines. Sur une écorce de chêne ramassée durant ses promenades le long des sentiers, des tessons de faïence également glanés, dessinent un chemin. Métaphore du temps qui passe, cette œuvre évoque le cycle des éléments naturels ainsi que les réactions entre la terre et l’eau.
Plus proche du contenu de cette exposition thématique, ses sculptures-objets photographiques nommées Ressaisissement nous incitent à lire des images de baignades, lors desquelles le corps se connecte aux éléments naturels. Laurent Valera tente de préserver des instants de joie, de jeu, de lâcher-prise… le bonheur des choses simples et précieuses. L’eau nous invite alors à songer au moment présent, lors duquel toutes sortes d’émotions, de sensations, peuvent se manifester. Puis vient l’envie de les conserver afin de les laisser surgir de nouveau : Un geste qu’opère notamment l’artiste au travers de son objet photographique Re-sentir.
L’exposition se conclut par sa sculpture, intitulée J’étais sauvage, un robinet chromé en suspens avec une chaîne suggère une eau continue, traitée, emprisonnée. Les inventions liées à nos intérieurs et à nos besoins en eau auraient réduit cet élément vivant en une ressource nécessaire à la vie de tous les jours…
L’eau est devenue précieuse dans certains pays ; sa préservation et sa bonne gestion sont essentiels pour garantir les plaisirs d’une baignade, d’un contact physique ou tout simplement d’une expérience esthétique. Cette exposition rend compte de l’eau comme voie de navigation, élément revigorant et source de bienfaits… Ainsi elle peut être considérée pour ses flux, ses mouvements, le paysage qui s’y reflète. Nous serons alors incités à nous arrêter pour observer ses variations, retrouver notre souffle, profiter d’un temps pour respirer et nous émerveiller.
Bordeaux-les-Bains, les bienfaits de l’eau, XVIIIe – XXe siècles
Archives de Bordeaux Métropole
Jusqu’au 25 février 2022