Actu
La romancière Anne-Marie Garat est décédée à l’âge de 75 ans

La romancière Anne-Marie Garat est décédée à l’âge de 75 ans

30 July 2022 | PAR Cloe Bouquet

La romancière Anne-Marie Garat, autrice d’une trentaine de romans dont Aden et Les Mal Famées, est décédée le 26 juillet à 75 ans d’un cancer du pancréas, a annoncé mercredi 27 juillet le prix Femina dont elle était lauréate et membre du jury depuis 2014.

Le début d’une passion et d’une carrière

Née en 1946 à Bordeaux dans le quartier populaire des Chartrons, Anne-Marie Garat est élevée par un père ouvrier dans une chocolaterie et une mère couturière. Les seuls livres dans la maison sont des manuels scolaires, faute d’argent. C’est à la bibliothèque de prêt que cette “liseuse gloutonne” trouvera ce qu’elle recherche, comme elle le raconte dans Humeur noire (Actes Sud, 2021). Contes de Perrault, romans de la “Bibliothèque rose”, “verte”, journaux illustrés, BD, feuilletons à la radio…

Elle commence à écrire pour se créer son monde à elle. “Chez nous, écrivains ça n’existe pas. A l’école, ce sont des gens prestigieux mais défunts : rien d’enviable. Ecrire, rien n’y autorise, n’y invite”, écrit-elle encore dans Humeur noire, son dernier récit où elle affronte son histoire et le passé de Bordeaux, marqué par le “commerce négrier”.

Une autrice prolifique aux talents multiples

Après avoir obtenu un DEA de cinéma à l’université Panthéon-Sorbonne, elle enseigne le cinéma et la photographie qu’elle pratique en amatrice éclairée et écrit des romans hantés, justement, par la mémoire et le passé, et dans lesquels les personnages féminins tiennent une place importante.

Dans Aden, qui lui valu le Prix Femina ainsi que le Renaudot des lycéens, un analyste programmeur entre par effraction dans la mémoire d’un cerveau informatique et va parallèlement effectuer un voyage dans une autre mémoire, la sienne, qui passe par la banlieue de son enfance.

Dans Les Mal famées, qui a obtenu le prix Marguerite Audoux en 2000, deux femmes en 1942 commettent un crime pour sauver la vie d’une petite fille juive.

Une femme de convictions

Anne-Marie Garat était engagée dans le combat pour promouvoir la lecture, convaincue que l’imaginaire est “un bien sans pareil” et “la transmission, une question politique.” Elle décrivait le roman comme une “machine à histoires” inépuisable, ouverte à tous les possibles.

Sa maison d’édition, Actes Sud, lui rend hommage dans un communiqué qui évoque “l’un des auteurs remarquables de notre catalogue”, et “un être d’une humanité et d’une intelligence rares”.

“Sa force, morale, son courage face à la maladie nous avaient impressionnées”, a indiqué le prix Femina au jury exclusivement féminin. “Grande lectrice, romancière lauréate du Femina en 1992 pour Aden, elle était passionnément investie dans notre jury, mettant sa curiosité, sa vive intelligence, sa générosité et sa force de conviction au service des auteurs qu’elle admirait.”

 

Voici un de ses passages télévisuels, ici pour évoquer son texte Le Grand Nord-Ouest publié en 2018 : Avec “Le Grand Nord-Ouest, Anne-Marie Garat nous entraîne dans un road movie américain – YouTube

 

Visuel : Anne-Marie Garat en 2011 © Wikicommons

“Out of the blue” : plongée dans un cirque qui ne manque pas de souffle
Louvre Abu Dhabi : nouveau rebondissement dans l’enquête sur le vaste trafic international d’antiquités
Avatar photo
Cloe Bouquet

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration