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La découverte inédite d’un poème de Louis Aragon à Lyon

La découverte inédite d’un poème de Louis Aragon à Lyon

05 January 2023 | PAR Camille Curnier

L’expert d’art lyonnais ne s’attendait pas à cette trouvaille lorsqu’il s’est rendu propriétaire d’un manuscrit authentifié, Louis Aragon au printemps 2022. Parmi les découvertes, une fragile feuille volante qui s’avère finalement être d’une valeur inestimable et d’une rareté unique.

Un document bouleversant et rare

Un morceau de papier fin et un tracé à l’encre bleue, pour les spécialistes pas de doute, il s’agit bien là d’un véritable trésor. Alors qu’il pensait acquérir un simple manuscrit du romancier Louis Aragon, Julien Pagnetti, marchand d’art à Lyon, se voit désormais en possession de l’unique poème d’Aragon sur Lyon. L’expert, spécialiste des manuscrits autographes d’auteur·e·s classiques, a conscience de la rareté d’une telle découverte.

“Je suis toujours ému de découvrir des moments d’histoire, des moments de la littérature qui arrivent dans mes mains, me dire qu’Aragon a touché le papier que je touche en ce moment, c’est émouvant”, confie l’expert à France Info. Le poème intitulé “Lyon-les-mystères”, est écrit en 1943 dans la capitale des Gaules, extrait du recueil La Diane Française.

Le papier est si fin, que le moindre geste le ferait aussitôt se morceler. Sept strophes y décrivent l’atmosphère inquiétante, régnant sur la capitale de la résistance au cours du printemps 1943, et lors de la Seconde Guerre mondiale. L’occasion de rappeler les années lyonnaises de l’artiste et de sa femme Elsa Triolet dans une période charnière de leurs existences en tant que résistant·e·s.

 
 
 
 
 
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Un texte émouvant empli de mémoires

C’est sur les hauteurs du quartier de Montchat, que le poète écrira ses textes en 1943. Membres du mouvement de résistance intérieure française des Francs-tireurs et partisans français créé à la fin de 1941, Louis Aragon et sa femme Elsa Triolet devront se cacher clandestinement dans la Drôme pendant plusieurs années, afin d’échapper au gouvernement nazi de l’époque.

Le couple sera hébergé sur place par le père du cinéaste Bertrand Tavernier, sous les pseudonymes d’Elisabeth et Lucien Andrieux. Tous deux continuent à publier dans les revues et éditions clandestines en parallèle de la poursuite de leur œuvre d’écrivain·e. Aragon achèvera d’ailleurs su place son roman Aurélien et rédigera les poèmes rassemblés dans La Diane française et Le Musée Grévin. Elsa Triolet y écrira également certains de ses travaux dont un recueil de nouvelles publié en 1944 intitulé Le premier accroc coûte deux cents francs, et qui lui vaudra le prix Goncourt en 1945, devenant ainsi la première femme à obtenir le prestigieux prix.  

Lyon-les-mystères, est un texte émouvant prenant ses racines dans les circonstances de la guerre et dans l’instrument poétique de la Résistance. Le temps convoqué mit à l’honneur dans ce récit permet d’entrapercevoir la douleur de la Collaboration au travers de métaphores balbutiées d’une écriture romanesque. À la libération en 1944, Louis Aragon coopérera activement avec les membres du Comité national des écrivains à la création d’une “liste noire”, afin de discréditer les auteur·e·s ayant collaboré avec l’occupant. Seront cités des auteurs comme Louis-Ferdinand Céline, Charles Maurras, Pierre Drieu la Rochelle ou encore Jean Giono.

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