
Décès du photographe sud-africain David Goldblatt
David Goldblatt, grande figure de la photographie sud-africaine auquel le centre Pompidou consacrait une rétrospective le mois dernier, s’est éteint ce lundi 25 juin à l’âge de 88 ans.
Il avait su capter l’Afrique du Sud et ses habitants de son œil singulier et engagé. Sans complaisance. Jamais. Se définissant comme « un réaliste, qui traite du monde qui [l’]entoure », David Goldblatt avait fait le choix de documenter l’évolution d’une nation marquée par la ségrégation sociale et raciale.
Né en 1930 dans une famille d’immigrés lituaniens, le jeune David voit l’apartheid s’installer dans son pays alors qu’il n’est qu’un adolescent, à la faveur de l’arrivée du Parti National au pouvoir, en 1948. Rapidement, la photographie documentaire apparaît comme une évidence à celui qui deviendra par la suite l’un des grands noms de la photographie sud-africaine, au côté de Guy Tillim, Roger Ballen, Pieter Hugo ou encore Jodie Bieber.
Des townships de Soweto aux banlieues blanches de Johannesburg, le photographe avait sillonné inlassablement les routes de son pays, à la recherche de lieux et de personnes symptomatiques de la fracture raciale sud-africaine. Ainsi photographie-t-il en 1964 un commando de sympathisants du National Party escortant Hendrik Verwoerd, principal architecte de l’apartheid, ou encore le cycle infernal de transports des travailleurs noirs de Pretoria en 1983. Toujours à la recherche de sujets, il faisait encore des images, photographiant en 2016 les révoltes étudiantes du Cap.
David Goldblatt parti, il nous reste les images marquées d’une grande beauté de celui qui pourtant refusait l’étiquette d’ « artiste » et disait ne pas s’intéresser à l’art. Un trésor national sud-africain qui restera aussi l’une des grandes consciences éthiques et morales de son temps.
Visuel : ©CC BY-NC-ND 2.0