
Décès du sociologue Zygmunt Bauman
Zygmunt Bauman est décédé ce lundi 9 janvier à l’âge de 91 ans.
Le sociologue à la double-nationalité polonaise et britannique était l’un des principaux penseurs de l’École de la Postmodernité, courant qui s’intéresse notamment à la fragilisation des identités individuelles et collectives dans nos sociétés depuis la fin du XXème siècle. Également professeur à l’université de Leeds (Yorkshire-et-Humber), Zygmunt Bauman était connu pour le concept de “société liquide” qu’il avait décrit notamment dans La Vie en miettes. Expérience postmoderne et moralité en 2003 (éditions Le Rouergue/Chambon, 2000 pour l’édition originale). Il était l’un des sociologues les plus influents de notre époque.
Né en 1925 à Poznan dans une famille juive, Zygmunt Bauman fuit l’offensive nazie pour l’URSS en 1939. De retour en Pologne, c’est à une renommée internationale qu’il accède alors qu’il enseigne la philosophie et la sociologie à l’université de Varsovie. Mais en 1968 l’antisémitisme le pousse à nouveau à l’exil, et il finit par s’établir au Royaume-Uni où sa pensée trouve de nombreux adeptes.
Marxiste revendiqué et militant communiste à ses débuts (il participe au service de renseignements militaires communistes de 1945 à 1953), Zygmunt Bauman s’émancipe par la suite du courant politique pour se tourner plus particulièrement vers les évolutions de la société moderne. Il dénonce alors le délitement progressif des liens communautaires, ces derniers disparaissant selon lui au profit de l’individualisme et de la perte d’influence des institutions. C’est dans ce cadre qu’il établit dans les années 1980 le concept de “modernité liquide” pour désigner la société contemporaine occidentale. Son travail théorique ne s’éloigne cependant jamais de la réalité humaine et quotidienne: son but, dit-il avec humour, est de « rendre claire combien notre situation ne l’est pas ». C’est cette ligne de conduite qui l’amène à travailler sur des sujets divers tels que l’amour (dans L’Amour liquide, De la fragilité des liens entre les hommes, Éditions du Rouergue, 2004, 2003) ou encore la réalité quotidienne de la société de consommation (S’acheter une vie, Chambon, 2008).
Auteur d’une quarantaine d’ouvrages, le sociologue est traduit dans plus de 15 langues. Sa dernière publication témoigne de son ancrage constant dans l’ actualité. En 2016, L’étranger à notre porte étudiait en effet la question de la crise migratoire telle qu’elle est traitée par les discours politiques et les médias. Il a reçu pour ses travaux plusieurs prix internationaux, dont le prix européen Nagrode Amalfi et le prestigieux prix Theodor W. Adorno.
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