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Arrestation de la comédienne Taraneh Alidoosti en Iran

Arrestation de la comédienne Taraneh Alidoosti en Iran

20 December 2022 | PAR Camille Curnier

Figure du septième art et représentante ardente militante des droits des femmes, la célèbre actrice Taraneh Alidoosti vient d’être arrêtée en Iran pour avoir soutenu le mouvement de contestation qui ne faiblit pas dans le pays depuis maintenant quatre mois.

La censure de la dictature fait rage

La répression sévère des forces iraniennes ne parvient pas à enrayer les mouvements de contestations du pays, mais réussit tout de même à museler une partie des voix qui s’élèvent par la terreur et la censure. Révélée au grand public dans le film Leila et ses frères présenté au festival de Cannes, et connue pour avoir joué dans plusieurs réalisations du cinéaste Asghar Farhadi, l’actrice Taraneh Alidoosti a été arrêtée en Iran ce samedi 17 décembre.

Alors que le mouvement révolutionnaire déclenché par la mort de Mahsa Amini rentre dans son quatrième mois de mobilisation, Taraneh Alidoosti s’est risquée à apporter à plusieurs reprises son soutien aux manifestations sur les réseaux sociaux. “Toute organisation internationale qui regarde ce bain de sang sans réagir représente une honte pour l’humanité”, avait-elle exprimé dernièrement sur sa page Instagram avant que celle-ci ne soit suspendue.

L’agence de presse privée iranienne Tasnim a annoncé samedi que l’actrice a été arrêtée “en raison de ses actions récentes, en publiant de fausses informations et contenus, et pour incitation au chaos”. Elle avait notamment dénoncé le 8 décembre dernier la pendaison de Mohsen Shekari, premier manifestant exécuté depuis le début du soulèvement, accusé par le gouvernement de “guerre contre Dieu”.

La justice iranienne a récemment confirmé l’arrestation de Taraneh Alidoosti et l’autorité judiciaire Mizan Online a indiqué que cette sanction avait été prise “à la suite de commentaires sans fondements sur les événements récents et la publication de matériel provocateur soutenant des émeutes de rues, par un certain nombre de célébrités”.

Son arrestation suscite une émotion importante dans le monde du septième art qui s’inquiète des futures interpellations que pourraient ordonner le gouvernement au cours des prochains mois. Plusieurs organisations iraniennes ont par ailleurs récemment sollicité les différents festivals à travers le monde afin de mobiliser l’opinion publique et de relayer les informations aux sujets de ces arrestations.

Une liste qui s’allonge dangereusement

Depuis le début du mouvement, plus de 2000 personnes ont été inculpées et des milliers d’iranien·ne·s ont été arrêtés. Une liste qui ne cesse de s’allonger et à laquelle s’ajoutent désormais des sentences extrêmes allant jusqu’à la peine de mort. Deux hommes de 23 ans ont d’ores et déjà été pendus publiquement et plus d’une dizaine d’hommes se retrouvent dans le couloir de la mort.

En-dehors de l’affaire Taraneh Alidoosti, plusieurs personnalités du cinéma iranien ont été arrêtées par les autorités ces derniers mois. Parmi eux et elles, nous retrouvons notamment les réalisateurs Mohammed Rasoulof et Jafar Panahi, ainsi que l’actrice Hengameh Ghaziani, toujours en détention. Depuis le début des manifestations, plusieurs quotidiens iraniens comme Ham-Mihan et Shargh ont publié la liste des journalistes et avocat·e·s interpellé·e·s à travers le pays. L’avocat des journalistes Mohammad Ali Kamifirouzi ayant notamment contribué à publiciser la mort en détention de Mahsa Amini a été arrêté mercredi dernier, “il n’a reçu aucune convocation, il est détenu sans aucune forme légale et la raison de son arrestation reste inconnue”.

Les associations et organisations du monde entier appellent les pouvoirs publics à agir rapidement sur ces cas désastreux d’atteintes à la liberté et aux droits humains. Le directeur du Centre pour les droits de l’homme en Iran (CHRI) accuse notamment l’Iran de ” lancer une frénésie meurtrière” et demande aux gouvernements de ” s’unir pour renforcer le coût diplomatique et économique pour l’Iran, faute de quoi la communauté internationale donne son feu vert à ce carnage”

VISUEL: ©Mohammad Hassanzadeh

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Camille Curnier

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