
Restitution des Bronzes du Bénin : Le Royaume Uni avance
Après les musées de la ville de Glasgow, c’est au tour des universités d’Oxford et de Cambridge de faire un pas en avant dans la restitution d’objets d’art pillés au Nigeria.
“Toute l’Europe est impliquée”
Ainsi, les deux universités les plus populaires du Royaume-Uni ont accepté de restituer 213 objets d’art du Bénin (communément appelés “Bronzes”, même si certains sont aussi en bois et en ivoire), pillés au Nigeria pendant la période coloniale. Mais tout reste encore à faire, puisque c’est la Charity Comission britannique qui devra trancher dans quelques mois -les musées universitaires ayant le statut d’organisme de bienfaisance. C’est la Commission Nationale des Musées nigériane qui avait dû faire la demande pour le retour de ces 123 objets.
En effet, ces objets avaient été pillés au peuple d’Edo, en 1897, lors de l’invasion par l’empire britannique. Le butin avait en partie servi à payer les frais d’expéditions militaires par des ventes aux enchères partout dans l’hémisphère Nord. Ils sont très vite devenus des pièces centrales des collections des musées d’Europe ou des Etats-Unis. L’historien allemand Jürgen Zimmerer, spécialiste de l’histoire coloniale allemande, précisait l’année dernière “Les objets du Bénin sont répartis dans tout l’hémisphère Nord. […]. D’autres grands musées en dehors de l’Allemagne tardent à suivre. Le colonialisme était un projet européen, tout comme le pillage de l’art. Toute l’Europe, tous les pays du Nord, sont donc impliqués et doivent s’attaquer à ce problème. De nombreux bronzes du Bénin se trouvent par exemple aux États-Unis.” L’Allemagne avait en effet aussi restitués de nombreux objets d’art en 2021.
Une valeur artistique importante
Si le Nigeria demande aujourd’hui la restitution de ces Bronzes du Bénin, c’est à la fois pour la valeur symbolique du geste mais aussi pour l’importance artistique de ces sculptures. Jürgen Zimmerer explique d’ailleurs le fait que les Européens les aient gardés pendant de nombreuses années ainsi : “En raison de leur grande valeur artistique, ils ont changé la façon dont les Européens voyaient l’art africain. Ils ne pouvaient plus prétendre qu’il n’y avait pas d’art en Afrique mais seulement de l’artisanat, comme le voulait le vieux stéréotype colonial raciste. Néanmoins, les Européens, et plus tard les États-Unis, n’ont eu aucun problème à garder le butin.“