
Incendios, la reprise de la puissance pièce de Wajdi Mouawad aux Récréâ-trales Nantes
Le festival Les Récréâtrales-Nantes qui a débuté depuis le 22 juin se tient jusqu’au 2 juillet. Hier, mardi 29, se jouait, au Grand T, Incendios, mise en scène par Victor de Oliveira. Elle est encore à découvrir ce soir, mercredi 30 juin à 19h.
Victor de Oliveira transpose la pièce choc Incendies de Wajdi Mouawad en Mozambique en proie à la guerre civile entre 1977 et 1992. En 2019, Incendios figure au palmarès des dix meilleures pièces de l’année de Lisbonne.
Secret de famille
Puissant, poignant. Le texte de Wajdi Mouawad créée en 2003 n’a rien perdu de sa superbe. Elle puise ses racines dans le mythe d’Œdipe, ce qui fait d’elle une œuvre complexe jouant sur différents niveaux. S’entremêle plusieurs lieux et années. Des personnages d’époques éloignées peuvent se retrouver sur scène sans se parler. Paradoxe de la pièce, le personnage principal n’est plus en vie. En effet, toute l’histoire est centrée autour Nawal, la mère. Le cœur du sujet est belle est bien la découverte d’un secret de famille, jamais révélé par la défunte mère.
« Il y a des vérités qui ne peuvent être révélées qu’à condition d’être découvertes. » – Nawal
Du portugais au français
En portugais surtitré en français, la pièce veut montrer le caractère universel du texte de Wajdi Mouawad. Or le texte français, écrit sur un grand écran quelques mètres au dessus des comédiens empêche aux spectateurs d’admirer le jeu de scène. Au début, il faut reconnaître qu’on ne sait pas trop où donner de la tête : lire le texte ou voir jouer les comédiens (Alberto Magassela, Ana Magaia, Bruno Huca, Elliot Alex, Eunice Mondlate, Horacio Guiamba, Josefina Massango, Rita Couto, Sofaida Moyane, Klemente Tsamba). L’émotion se perd aussi un peu, en particulier lors des décalages entre les mots prononcés en portugais et l’affichage de la traduction qui peut parfois arriver quelques secondes plus tard.
La scénographie est simple. Presque pas de décor. Un rectangle de sable orange, couleur Sahara, sur lequel joue les comédiens et un grand écran d’où sont projetés les traductions. Des photographies, ou images habillent par moment le décor. Une scène, très jolie, se sert habilement de cet écran. Elle se passe en forêt, des arbres sont affichés et l’on voient les comédiens en transparence derrière l’écran un peu comme des ombres chinoises.
Le festival Les Récréâtrales-Nantes permet de découvrir un ensemble de spectacles et ateliers en lien avec l’Afrique de l’Ouest. Il répond au défi d’Ngoné Fall, commissaire de la saison Africa2020 qui invite à « regarder et comprendre le monde d’un point de vue africain. » Comment concevoir depuis Nantes un festival consacré à la création en Afrique sans penser à l’histoire coloniale de la ville ? Ce soir on peut encore découvrir de la danse avec O Bom Combate ou du théâtre avec Incendios et De ce côté.
Visuel : affiche Les Récréâtrales-Nantes.