
« Medium » : Venise rend Philippe Sollers Extra-lucide
Préférant les mémoires de Casanova à ceux de Saint-Simon, “Il professore” ne se peint pas de profil, mais allongé entre les mains d’une masseuse pour développer un nouveau volume de ses pensées, rythmées par les mouvements lents et aqueux du grand canal. Du Philippe Sollers pur jus, caressant le temps qui coule.
C’est comme souvent, en escapade, loin du bruit et de la fureur germanopratin et bercé par les canaux de sa chère Venise que Sollers se présente une fois de plus. Mais si les anecdotes érudites et les réflexions qui vont vers la liberté se multiplient, le héros-narrateur s’assagit avec l’âge et se contente d’une seule maîtresse et de la vue de belles jeunes-femmes.
Des pages référentielles, oscillant entre le très intime et une oeuvre de moraliste qui se poursuit, avec un certain ronronnement commode. Pas d’épiphanie chez le médium, donc, mais un goût toujours indompté de la vie, de la beauté, de Venise et de la langue française.
Philippe Sollers, Medium, Gallimard, 176 p. 17.50 euros. Sortie le 2 janvier 2014.
“La-dessus, vous tombez sur vos fous et vos folles préférés, les journalistes. Là, pas de quartier, c’est vous ou eux (ou elles), à l’arme blanche. A la radio ou à la télé, vous avez trois minutes pour vous exprimer. Le présentateur ou la présentatrice n’écoute rien de ce que vous dites, et regarde la pendule. Dix secondes, c’est beaucoup d’argent pour dire simplement ‘c’est moi’“. p. 65.
Visuel : (c) couverture du livre