Stabat Mater Furiosa, un cantique pour la paix
La guerre est d’abord un bruit, celui des pas sourds des troupes. Contre ce bruit, la femme en oppose un autre : celui du cri de la femme hystérique, de la femme violée, de la mère blessée. A la maison de la poésie, accompagnée de cordes et de percussions, la comédienne et metteuse en scène Anne Conti chante le poème Jean-Pierre Siméon, Stabat Mater Furiosa.
Le « Stabat Mater » est un chant moyen-âgeux évoquant la souffrance de la Vierge Marie devant la crucifixion de son fils. A la maison de la Poésie, c’est une prière laïque, celle d’une femme qui exhorte son frère, son père et tous les « mangeurs d’ombres » à lâcher leur gâchette. Déchirée, elle refuse de comprendre pourquoi d’une jeune fille heureuse vivant aux pieds des « trois oliviers », respirant le basilic et embrassant « l’étranger », pourquoi de cette fille qui fut rieuse, n’est restée qu’une femme fu-rieuse… Peut-être que “le grincement des os de la femme qu’on écarte pour le viol” lui sonne encore dans ces oreilles… Guitare électrique à la main, la furieuse en appelle à l’armée des doux qui « plus effarouchés que la jonquille » seront incapables de tenir une arme.
Anne Conti est comédienne et touchante chanteuse. De sa bouche, le poème de Jean-Pierre Siméon est comme un long cantique : tantôt douloureux gémissements, tantôt serments chuchotés. Le spectateur suit ses multiples variations en se délectant de la langue sensorielle, charnelle presque, du poète.
Stabat Mater Furiosa, de Jean-Pierre Siméon, conception : Anne Conti, à la maison de la poésie jusqu’au 1er février 2009. du mar au sam 19h, dim 15h. Grande salle : plein tarif : 20 euros, TR : 15 ou 10 euros. Maison de la poésie, Passage Molière, 157 rue Saint Martin, Paris 3e. Métro Rambuteau/ RER Les Halles. Réservations au 01 44 54 53 00 du mar au sam 14h-18h. Avec Anne Conti, Rémy Chatton (cordes) et Vincent Le Noan (percussions) 1 heure.
Crédit Photo : MF Himbert.