Jazz
Virginie Poitrasson et Joce Mienniel lisent et jouent la peur à La Maison de la Poésie

Virginie Poitrasson et Joce Mienniel lisent et jouent la peur à La Maison de la Poésie

14 March 2023 | PAR Amelie Blaustein Niddam

En ce moment, à la BPI se tient le festival Effractions qui entrechoque les mondes. La soirée du 13 mars se donnait hors les murs, à la Maison de la poésie, pour une lecture adoucie par le jazz de Tantôt, tantôt, tantôt de Virginie Poitrasson paru au Seuil en 2023.

Cette lecture rassemble des extraits de ce roman qui ne raconte pas d’histoire. Pour nous délivrer ses récits symboliques, l’autrice se campe devant nous, toute de noir vêtue et ongles rouges aiguisés, assise, face pupitre. Elle ne bougera pas. Elle lit la bouche mi-close, en articulant à la perfection. Sa rigidité étonnante est cassée par le jeu habité de Joce Mienniel. Le flutiste est un homme-orchestre caméléon. Il manipule des flûtes de différentes tailles, se sample en direct, ajoute un harmonica quand « la peur » est « comme du fioul ».

Eux deux illustrent l’attitude possible face à la crainte. Elle nous dit : « se taire est un contrefort à la crainte. » Et cette question est au cœur de toute la lecture qui commence par longtemps nous proposer d’ausculter précisément le ciel avant de nous mettre « face à face », de nous regarder face à ce qui nous « hérisse » la peau, les poils, les idées…

Le texte est précis, acide et fort. Il n’a effectivement besoin de rien d’autre qu’une voix douce et une musique faite de nappes et de profondeurs pour nous atteindre. Les niveaux de lecture nous apparaissent avant de disparaître. On aurait envie de passer une heure sur chacune des phrases pour en comprendre les sous-textes. Elle dit « l’inconscient est un chien noir » pour dire qu’il peut être doux, qu’il peut mordre, dormir, courir sans jamais devenir une peluche inerte.

La lecture se finit sur un mot, « dansons », et cela ne fait plus peur du tout !

Nous ne pouvons que vous conseiller de lire ce livre, Tantôt, tantôt, tantôt, paru donc au Seuil, et d’écouter les albums de Joce Mienniel. Le festival Effractions s’est terminé avec cette soirée, mais vous pouvez retrouver tous les grands moments de cette édition sur le podcast du festival. Du côté de La Maison de la poésie, ne ratez pas ce jeudi la lecture-rencontre avec Olivier Cadiot à 19 h 30. L’auteur vient de publier Irréparable chez P.O.L.

Visuel : ©ABN

 

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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