
Berlin veut garder son mur
Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, le mur de Berlin est érigé en pleine ville par la République démocratique allemande (RDA) voulant mettre un terme, à l’aide d’un système de sécurité meurtrier, à la fuite de ses citoyens vers la plus occidentale République fédérale d’Allemagne (RFA). Pendant vingt-huit ans, le mur sépare la ville en Berlin-Ouest et Berlin-Est, matérialisation du Rideau de fer. Aujourd’hui, un projet de rénovation urbaine pourrait faire tomber une seconde fois le mur.
Les berlinois se mobilisent pour que les traces du passés restent intactes. A l’occasion de l’anniversaire des cinquante ans de construction de la séparation, l’AFP avait interrogé les passants qui semblaient trouver insuffisants les 3 km restants du mur : « nous avons eu peur que le mur soit de nouveau érigé, alors nous l’avons éradiqué ». L’affaire prend une ampleur plus concrète depuis quelques semaines. 6000 manifestants se sont rassemblés dimanche pour protéger un pan du mur qui devrait être détruit à la suite d’un projet d’urbanisme.
Ce pan de mur est entièrement peint, il s’agit de l’East Side Gallery. Si des bouts de murs font régulièrement le tour du monde, investie de la force des artistes, cette galerie est la seule marque dans la ville de la hauteur et de la longueur du mur. Le projet immobilier, s’ il se concrétise, vise à installer ici un complexe hôtelier.
Environ 600 personnes ont été tuées et le peu de présence physique risque de faire oublier ces heures noires. Tournée vers l’avenir, Berlin est aujourd’hui une capitale culturelle fascinante, en témoigne la richesse de son théâtre et de sa danse que nous savourons en France. Le mur a changé de posture, honni, il est maintenant un lieu de mémoire. Soucieux de la préservation de leur histoire, en témoigne le monumental mémorial de la Shoah situé au centre de Berlin, entre la porte de Brandebourg et la Potsdamer Platz, il est fort à parier que les Berlinois ne laisseront pas s’effacer ce lourd souvenir.
Visuel : (c) Cette photo a été prise en 1986 par Thierry Noir au Bethaniendamm à Berlin-Kreuzberg.
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