
Ludovic Lagarde a dévoilé les prémices de Rappeler Roland au Louvre
Ce week-end se tenait au Louvre un passionnant colloque sur la Chanson de Roland, première geste en langue vernaculaire racontant la défaite poétique du neveu de Charlemagne. Une défaite pour un livre emblématique. Le décalage continue de surprendre jusque dans le champ théâtral.
En clôture de la journée dédiée à La Représentation de la Bataille, animée par Arnaud Laporte (France culture), l’auteur d’une nouvelle traduction de la chanson, Frédéric Boyer a invité le metteur en scène Ludovic Lagarde a donner à entendre, sous forme de lecture, le texte de sa prochaine création, Rappeler Roland.
Dans une scénographie de Sarkis, un fauteuil roulant recouvert de plumes baigne dans un halo bleu. Il se fait allégorie de la maladie, de la mobilité et de la mort, le comédien Pierre Baux, qui avait excellé dans Platonov, déjà mis en scène par Ludovic Lagarde, incarne un héritier de Roland. Le texte de Frédéric Boyer est dans le rythme si proche du phrasé d’Olivier Cadiot que l’on saisit pourquoi la bande de la comédie de Reims a eu un coup de cœur pour le texte.
Un homme jeune va ainsi devenir chevalier au fur et à mesure qu’il s’empare du récit du destin tragique de Roland, ami fidèle, neveu aimé, protecteur de son épée Durandal. “Se battre rend heureux même si la défaite est totale” revient comme un gimmick dans ce beau texte. La pâte Lagarde est déjà bien posée sur le jeu du comédien qui va avancer sur place, imposant à ses phrases un rythme où les intonations sont déplacées pour apporter au verbe du mouvement.
Il y a beaucoup, et dans la direction de jeu et dans le texte même du si marquant Un mage en été où un mage en grève, cherchant, figé et mouvant, égratignant le lourd héritage familial, racontait comment il avait pu en arriver là. Ici, comme le dit Frédéric Boyer : Et cette histoire consignée dans un vieux manuscrit de jongleur du XIe siècle, un des premiers en notre possession entièrement rédigé en français, en langue vulgaire, la langue de tous, revient hanter la langue et la mémoire de cet inconnu qui rêve en s’effrayant de batailles et de tueries.”.
La bataille semble ici être intrinsèque à la nature humaine. C’est dans l’esprit de cet homme que nous entrons, lui pris au piège des démons médiévaux.
La pièce sera créée le 19 mars à la Comédie de Reims.
Visuel : (c) ABN
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