
Le Roi du curling, un Big Lebowski norvégien!
Il serait dommage de passer à côté de cette comédie norvégienne originale, très drôle et touchante. Pour les anticonformistes, voici une bonne idée de sortie pour un lendemain de réveillon.
Vraie bonne surprise, Le Roi du curling vaut vraiment le détour. Champion de curling incontesté, Truls Paulsen développe une maniaquerie de plus en plus inquiétante aux yeux de son entourage. La moindre éraflure sur la glace, la moindre peluche le jettent dans une rage folle. Aussi se voit-il interdire la pratique d’un sport qui, manifestement, le détraque ! Mais, précisément, autour de Truls, les autres ne semblent guère plus normaux : entre sa femme tout de rose vêtue, maladivement attachée à son petit chien et ses partenaires de jeu tous obsédés par une idée fixe (le sexe pour l’un, ses cheveux pour un autre, les oiseaux pour un troisième…), Truls n’est peut-être pas le plus névrosé. Un beau jour, pour payer à son entraîneur et ami une opération du poumon, il décide de reprendre du service et de se lancer dans une ultime compétition de curling.
La grande force de cette comédie intelligente et impertinente tient à son amoralisme, très plaisant : les obsessions, les bizarreries, des personnages ne font l’objet d’aucun jugement. Vivre avec sa folie, quelle qu’elle soit, paraît en définitive l’attitude la plus dérangeante mais aussi la plus saine. Les scènes où le comportement étrange de Truls, étalé sous le feu des caméras de télévision, suscite un malaise palpable, étiré, sont les plus réussies. Dans ses yeux (Atle Antonsen, excellent), un éclat fixe, tendu, dit une angoisse, une solitude. A d’autres moments, le lien avec les autres se rétablit, de la plus heureuse façon.
Avec une belle sensibilité, Le Roi du curling nous montre que les oscillations de la folie ont aussi quelque chose de joyeux, de vivant.
Commencez donc l’année en vous réconciliant avec vos obsessions ! Pour reprendre une réflexion d’Erasme : « Si je te parais fou, dis-toi que c’est cette folie, justement, qui m’empêche d’en connaître une autre. »