Giorgio de Chirico, au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
Giorgio de Chirico, peintre italien influent du XX eme siècle, est à l’honneur au Musée d’Art moderne de la ville de Paris. Depuis 1983 (Centre Pompidou), la capitale ne lui avait consacré aucune exposition majeure. Rassemblant cent soixante-dix peintures, sculptures, illustrations et archives diverses, le Musée a pour objectif d’offrir aux visiteurs une vue panoramique de son oeuvre.
La visite s’articule en deux temps : chronologique et thématique. La première partie de l’exposition permet d’appréhender progressivement le monde chiriquien. Dès ses débuts, de Chirico s’intéresse fortement à la mythologie. Statues de dieux et de déesses, personnages fantastiques, centaures et autres figures mythiques sont autant de matières qui participent à la gestation de son univers. On peut notamment citer le Combat des Centaures, une libre interprétation de la toile de Böcklin.
Giorgio de Chirico est également un artiste à la quête du mystère. Dans ses compositions, l’énigme est récurrente. Dans le nom de ses tableaux tout d’abord – L’Enigme de l’heure, L’Enigme d’un jour II -, mais aussi dans les ombres qui occupent une place importante dans ses peintures. Ainsi livre-t-il, dans un de ses manuscrits, ce que représente l’ombre : « Sur la Terre, il y a bien plus d’énigme dans l’ombre d’un homme qui marche au soleil que dans toutes les religions passées, présentes, et futures. » Le peintre poursuit ce qui se dérobe et se cache, il veut saisir et exprimer le rêve. A l’image de Rimbaud ou Lautréamont, il se veut voyant. C’est ainsi qu’on comprend le portrait, désormais célèbre, du poète Guillaume Apollinaire affublé de lunettes d’aveugle. On évolue dans de vastes tableaux à l’horizon lointain jaune et vert, paysages théâtraux et imaginaires, où les statues esseulées côtoient des bâtiments d’une architecture sèvère. Les bases sont jetées.
Giorgio de Chirico peine-t-il, au début, à voir ? C’est la question que l’on peut se poser lorsqu’on regarde les tableaux de la période 1915-1918 qu’il appelait aussi ses « intérieurs métaphysiques ». Ils sont petits, représentent des espaces restreints – pièces, chambres – peuplés d’objets divers confinés et entassés les uns sur les autres. Ces toiles semblent témoigner de ses réflexions tortueuses. Le peintre explique qu’il veut «exprimer la voix cachée ». Par ces préliminaires, le visiteur s’immerge lentement dans une oeuvre chiriquienne empreinte de mythes.
Giorgio de Chirico opère ici « Un retour au clacissisme » (1919-1930). Un monde sans vie, ou seules des mannequins déguenillées représentent les muses et les héros de l’antiquité. Les couleurs sont tristes, rares sont les éclats. Les Muses inquiétantes dilue un peu cette tristesse, mais en échange de muses atrocement difformes.
On découvre, dans la salle adjacente, une nouvelle facette de la mystique chiriquienne grâce à des illustrations de textes de Jean Cocteau. Puis, des mots, des phrases, des textes, sont mis sur l’image : des lettres, des poèmes d’amis, des pensées sont ici exposés.
Puis, fasciné par la technique de Rubens, l’artiste peint des toiles selon le modèle baroque. Les tableaux sont plus détaillés, et retranscrivent une ambiance différente. Il est toujours sujet, mais extérieur. Il se peint en costumes divers, riches en ornements. Désormais, de Chirico expérimente, explore, et parcourt son oeuvre. Dans cette partie thématique à la douce appellation anglophone de « Replay » – sans doute pour nous rappeler que Wharol s’inspira de ce concept – de Chirico reproduit ses anciennes peintures et les modifie. Quelques sculptures en bronze, inspirées des tableaux, donnent corps aux mannequins/statues.
Enfin la rétrospective finit sur ses dernières oeuvres. Une fin amusante ou l’artiste mêle les éléments picturaux de ses différentes périodes, créant des tableaux loin du sérieux triste et existentiel des premières compositions. Un fouillis kitsch où de Chirico se joue de lui même. On notera la ressemblance avec les tableaux de Magritte ; croissants de lune, homme de dos, et ambiance bleuâtre, côtoient les buildings et ces nouvelles étoiles que sont leurs fenêtres illuminées. Ainsi, malgré la mélancolie qui plane sur toute cette oeuvre, on en ressort le sourire aux lèvres !
« Giorgio de Chirico : la fabrique des rêves », au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris. Du 13 février au 24 mai 2009, tous les jours sauf le lundi de 10h à 18h – Nocturne les jeudis jusqu’à 22h. Métro Iéna.Tarifs : 11 euros – 8 euros – 5,50 euros. Site web – Tel : 01 53 67 40 00
Thomas Gérard
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5 thoughts on “Giorgio de Chirico, au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris”
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E. Drevet
quand on clique sur le site http://www.mam.paris.fr ci-dessus, on tombe sur un autre site d’entreprise, mam, dont l’adresse est http://www.mam.fr Y a-t-il une confusion ou un abus?
D’autre part, on aimerait bien savoir à qui sont destinés les 3 tarifs de 11, 8 et 5 euros indiqués ci-dessus? Quel est le tarif appliqué aux seniors ?
Erwan
Bonjour,
Le lien ci-dessous renseigne mieux sur le Musée d’Art Moderne. Désolé pour l’autre malheureux lien
http://www.paris.fr/portail/Culture/Portal.lut?page_id=6450&document_type_id=2&document_id=63442&portlet_id=15515
Je me renseigne asap sur le tarif seniors
Thomas
Bonjour E. Drevret,
Le tarif senior n’est pas renseigné. Mais à mon avis il figure parmi les tarifs réduits, à savoir 8 euros. Le plein tarif est à 11 et le jeune à 5,50. Cependant je ne vois pas de prix sur le portail de l’expo.
lucie
salut moi je veut savoir la technique mais il y a beaucoup d’autre chose qui apparait sait pour mon devoir