
Une Norma classique et émouvante au Théâtre des Champs Elysées
Du 8 au 20 décembre, le Théâtre des Champs Elysées propose une nouvelle mise en scène de l’opéra de Bellini, Norma, avec une mise en scène de Stéphane Braunschweig, une direction de l’orchestre de Chambre de Paris par Riccardo Frizza et l’excellente Maria Agresta dans le rôle-titre. Classicisme et émotion sont au rendez-vous de cette production.
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Dans la Gaule occupée par les romains la prêtresse Norma (Puissante Maria Agresta) a signé la paix avec l’occupant et eu en secret deux enfants avec le romain Pollion (Marco Berti). Lorsque ce dernier menace de repartir pour Rome avec le jeune novice Adalgise (excellente Sonia Ganassi) dans ses bagages, la jalousie et le malheur s’abattent sur la grande prêtresse trompée.
Énergique dans sa direction dès l’ouverture, Riccardo Frizza nous signale immédiatement qu’il est à la fois maître d’oeuvre et cheville ouvrière de cette production où l’instrumentation est impressionnante : vif en début d’acte l’orchestre de chambre de Paris joue avec maestria les variations des arias et maîtrise un final long, lancinant et aussi langoureux avec une douceur qui donne toute son émotion à cet opéra. Côté voix, les femmes donnent beaucoup : jeune première en pleine ascension, Maria Agresta convainc. En face d’elle Adalgise est un Pollion qui force trop sur sa voix, et chante carrément faux au premier acte, ce qui lui a valu d’être hué aux salut lors de cette première, même s’il se reprend à peu près pour le deuxième acte et le magnifique “In mia man alfin tu sei”. Mis à part cet air, les moments de grâce de cet Norma sont vraiment les duos des deux femmes, Sonia Ganassi faisant un écho subtil et magnifique aux envolées de Maria Agresta. Chose surprenant et manquante, malgré le coffre de Maria Agresta, le fameux “Casta Diva” est techniquement parfait, mais il manque un peu d’émotion. Une partie de l’énigme de cette émotion un peu absente du premier acte tient probablement à la mise en scène élégante et minimaliste de Stéphane Braunschweig qui place l’action au pied d’un temple statique (ou presque le mur du fond avant et tourne) de pierre grise harmonieusement assorti aux tenues d’un bleu virginal des prêtresses. Seul un bonzai porte un peu d’ombre à ce tableau de sel, puis en toute fin de première partie un lit au rideau rouge classique qui sert d’autel aux enfants. Ce n’est qu’au deuxième acte que la scène se remplit d’un chêne autour duquel se meuvent les chœurs. Enfin, la machine s’emballe et en final on voit même arriver en projection vidéo le feu d’un bûcher… In fine, porté par une orchestration magistrale, des voix dans l’ensemble impressionnante et une mise en scène qui fait grimper l’émotion, cette Norma gagne vraiment à être connue et reconnue. A voir sans modération pour la première ou la dixième fois, avant le 20 décembre au TCE.
Norma, de Vincenzo Bellini, Riccardo Frizza, direction, Stéphane Braunschweig, mise en scène et décors, Johanne Saunier, chorégraphie, Thibault Vancraenenbroeck, costumes, Marion Hewlett, lumières, avec : Maria Agresta, Sonia Ganassi, Marco Berti, Riccardo Zanellato, Sophie Van de Woestyne, Marc Larcher, Orchestre de chambre de Paris, Choeur de Radio France direction Sofi Jeannnin
visuel : (c) Vincent Pontet