Critique : Hôtel Transylvanie, sympathique cartoon ressuscitant les monstres du passé
Hôtel Transylvanie surfe sur une tendance actuelle : la popularité de l’horrifique traditionnel et de l’épouvante en costume. Pour une comédie animée sympathique et moderne dont on regrette seulement la réalisation trop frénétique.
A la source du travail de Tim Burton depuis longtemps mais relancés par la saga Twilight, le gothique, la maison hantée et les créatures étranges ont retrouvé leur modernité. C’est d’ailleurs d’une certaine manière le sujet du film qui s’amuse de ces monstres qui ne font plus réellement peur tant ils sont devenus objets de culte. Hôtel Transylvanie est à mi-chemin entre Monstres et Compagnies et Dark Shadows. Sony joue sur le décalage en inscrivant une intrigue très traditionnelle dans cet hôtel bizarroïde, le fameux conflit de générations entre une jeune éprise de liberté et son père ultra-protecteur, Dracula, qui a du mal à laisser fifille voler de ses propres ailes (au sens propre).
Adam Sandler prête sa voix et son talent à ce papa poule poussiéreux, un peu perdu dans un monde qu’il ne comprend plus et dans lequel il n’impressionne plus grand monde. Dracula est la première bonne idée du film tant le personnage surprend par sa féminité, cet instinct maternel et des poussées d’hormones exprimées dans des accents de colère hilarantes. Typiques de la ménopause. Le train familial est en effet bouleversé par un intrus, vraie trouvaille de comédie. Un ado américain un peu geek se la jouant très cool. Qui s’enthousiasme pour tout ce qui est un peu alternatif. Gentiment insupportable, ce jeune réserve les meilleurs moments du film, notamment dans des scènes régressives en duo avec Dracula.
Hotel Transylvanie s’amuse de la vision contemporaine du monstre, en décalage avec l’épouvante que pouvait provoquer le morbide auparavant. Le bestiaire proposé est parfait, les gags visuels cartoonesques à souhait. On regrette juste ce nouveau style d’animation hystérique qui ressemble aux mauvais Dreamworks type Madagascar. Une réalisation à toute allure, multipliant les mouvements de caméra jusqu’à la nausée, voulant créer du rythme à tout prix au détriment de l’intrigue. On regrette alors la poésie plus contemplative de certains Pixar ou des Dragons de Dreamworks. Qui n’était surement pas l’objectif d’un dessin animé familial taillé pour les vacances scolaires.
Gilles Herail
Hotel Transylvanie, une comédie horrifique animée de Genndy Tartakovsky avec Adam Sandler, sortie le 13 février 2013