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Critique: Flight, le retour de Zemeckis à un cinéma plus humain

Critique: Flight, le retour de Zemeckis à un cinéma plus humain

16 February 2013 | PAR Gilles Herail

Si l’aspect moralisateur et le discours sur la rédemption très appuyé pourront irriter certains, Flight est avant tout un grand film populaire sur l’acceptation de l’addiction et le salut individuel. Denzel Washington est un anti-héros d’abord savoureux puis émouvant, porté par la réalisation très efficace de Zemeckis. Du travail très bien fait.

Synopsis officiel: Whip Whitaker, pilote de ligne chevronné, réussit miraculeusement à faire atterrir son avion en catastrophe après un accident en plein ciel… L’enquête qui suit fait naître de nombreuses interrogations… Que s’est-il réellement passé à bord du vol 227 ? Salué comme un héros après le crash, Whip va soudain voir sa vie entière être exposée en pleine lumière.

Flight a remporté un large succès aux États-Unis. Rappelant qu’un drame adulte à la Clint Eastwood peut aussi fonctionner. La bande-annonce un peu mensongère laissait penser que Flight s’inscrivait dans une certaine tradition du film de procès. L’ambition est en réalité toute autre. Le portrait d’un anti-héros et de son combat personnel contre l’addiction. Les enjeux éthiques du scénario et l’enquête sont rapidement laissés de côté. L’adulation du héros et l’apparition progressive du doute quant à sa responsabilité sont évoquées mais le film ne répond pas aux nombreuses questions. Aurait-il mieux gérer la situation sobre? Est-il en coupable? Zemeckis laisse le spectateur se faire son idée. Et adopte un propos bien différent.

L’évolution d’un personnage charmeur, pilote génial, populaire, qui devient un véritable héros en réussissant un atterrissage improbable. Un personnage en déni total, incarné par un Denzel Washington au mieux de sa forme. L’acteur sait jouer de son charisme naturel, figure d’autorité, de séduction, à la présence indéniable. Ce capital rock’nroll, exploité dans la première partie du film avec des scènes étonnamment explicites pour un film mainstream américain, laisse place petit à petit à des failles qui se multiplient. Accepter la perte de contrôle, dévoiler ses faiblesses pour mieux se redresser. Zemeckis martèle ce message. Parfois jusqu’à l’overdose.

Zemeckis qui n’a pas perdu la main rappelle qu’il n’a pas son pareil pour dresser des portraits et nous raconter des destins. Ses talents de conteur et la virtuosité de la mise en scène sont ici évidents. La séquence du crash est saisissante. Et utile pour la narration du film. En présentant Denzel Washington comme un héros de film catastrophe. Un héros à l’américaine. Que Zemeckis ne va cesser de torturer, d’affaiblir, de casser. En montrant la réalité du personnage comme une épave, qui refuse consciencieusement toutes les mains tendues. Jusqu’à l’acceptation finale. Soyons clair, Zemeckis ne nous épargne pas quelques violons de trop. Il aurait aussi gagné à couper au moins 20 minutes. Mais c’est un vrai plaisir de spectateur de retrouver un des plus grands conteurs du cinéma populaire contemporain. Qui ose un film à la structure hybride avec une certaine forme de mauvais esprit et un humour très présent notamment par l’incroyable personnage de John Goodman. Ce drame troublant tout en restant un divertissement plaisant sait délivrer son message et nous raconter une belle histoire humaine. On espère le retour rapide de ce Zemeckis de nouveau en forme.

Gilles Hérail

Flight, un drame de Robert Zemeckis avec Denzel Washington, Kelly Reilly et John Goodman, durée 2h20, sortie le 13 février 2013

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