A l'affiche
[Critique] « Les saisons » : odyssée documentaire de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud

[Critique] « Les saisons » : odyssée documentaire de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud

31 January 2016 | PAR Gilles Herail

Le duo Jacques Perrin / Jacques Cluzaud revient avec un nouveau documentaire naturaliste après Le peuple migrateur et Océans. Les saisons traverse plusieurs milliers d’année d’histoire pour retracer l’odyssée de la forêt européenne. Une entreprise pas totalement aboutie mais follement ambitieuse, qui offre une relecture historique passionnante de l’histoire de notre continent.

[rating=3]

Extrait du synopsis officiel : après avoir parcouru le globe à tire d’ailes avec les oiseaux migrateurs et surfé dans tous les océans en compagnie des baleines et des raies mantas, Jacques Perrin et Jacques Cluzaud reviennent pour ce nouvel opus sur des terres plus familières. Ils nous convient à un formidable voyage à travers le temps pour redécouvrir ces territoires européens que nous partageons avec les animaux sauvages depuis la dernière ère glaciaire jusqu’à nos jours.

La thématique de la forêt est au cœur du discours écologique contemporain et de sa représentation cinématographique. Qu’elle apparaisse dans les films d’animation “verts” (dont on vous parlait ici) ou au sein du genre documentaire (Il était une forêt et Amazonia). Le nouveau projet de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud s’y intéresse d’une manière originale, en se concentrant sur le territoire européen et en retraçant une histoire de plusieurs milliers d’années. Les saisons invente un format hybride entre comédie d’aventures animalière, docu-fiction historique et pamphlet environnementaliste. La première heure regorge d’images magnifiques de l’écosystème forestier et joue habilement d’effets de montage qui donnent l’illusion d’interactions malicieuses entre ses habitants. Le budget conséquent et les outils technologiques donnent aux réalisateurs l’opportunité de filmer au plus près l’intimité des animaux avec une qualité d’image incroyable. La mise en scène prend toute son ampleur lors des séquences de prédation qui deviennent des courses-poursuites effrénées, épiques et tragiques. Les caméras trouvent des angles incroyables, filent à toute vitesse à travers les arbres et produisent des images d’une grande beauté (sans égaler les scènes les plus hallucinantes du Dernier loup de Jean-Jacques Annaud).

Les saisons stoppe en cours de route cette enthousiasmante comédies d’aventures animalière pour prendre une toute autre direction. Et nous montrer l’évolution de cette forêt ancienne fantasmée au cours des âges. Les saisons retrace plusieurs milliers d’années de présence humaine pour nous montrer comment l’espace sauvage de l’Europe a progressivement été domestiqué. Pour laisser place aux champs et à l’agriculture, pour permettre aux chasseurs de traquer les animaux plus simplement, pour fournir les réserves de bois nécessaires à la construction des navires de guerre. Et enfin pour laisser place à l’étalement urbain galopant. La deuxième partie introduit des reconstitutions historiques et fait apparaitre l’homme dans un style visuel de docu-fiction BBC. La voix-off se fait plus présente, n’évitant parfois pas le sentencieux mais Perrin et Cluzaud passionnent en nous faisant redécouvrir notre continent sous un autre angle. En illustrant des siècles de modification par l’homme des espaces l’entourant. La construction des Saisons manque de fluidité et la séparation brutale du film entre sa première et sa deuxième partie aurait peut-être pu être adoucie. Mais le nouveau documentaire de Perrin et Cluzaud est un objet hybride très ambitieux, qui imagine un format nouveau et se distingue clairement des productions familiales “mignonnes” type Disney Nature.

Gilles Hérail

Les saisons, un documentaire français de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, durée 1h37, sortie le 27/01/2016

Visuels : ©  affiche et bande-annonce officielles du film
[Live report] Somptueuse « Ville morte » de Korngold à la Maison de la Radio
« THÉÂTRE » : une expérience unique de pièce dans une obscurité polychrome
Gilles Herail

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration