
Le Piss Christ de Serrano une nouvelle fois attaqué
Cette fois ci, l’action ne se passe pas à Avignon mais à Bourges, à l’occasion de la sixième biennale d’art contemporain. Pascal Pinaud présente au Chateau d’eau huit “Ecrans” dont l’un représente le Piss Christ de Serrano. Son oeuvre a été vandalisée le 21 novembre, ornée d’un «LE CHRIST EST ROI», et «LE CHRIST EST ROY».
L’objectif de la série des Écrans (1) est de mettre à jour “le destin tragique de certaines œuvres”, neuf exactement, dont la toile de Kasimir Malévitch barrée du $, mais aussi le Piss Christ d’Andrès Serrano.
Rappel des faits. En avril 2011, L’archevêché d’Avignon s’affole depuis plusieurs semaines face au Christ de Serrano, affiche de l’exposition anniversaire pour les 10 ans de la Collection Lambert. « Je crois aux miracles » qui a débuté le 12 décembre et se terminait le 8 mai 2012. Cinq chrétiens radicaux ont alors saccagé l’œuvre d’art. Avaient suivies des diatribes d’une violence sans nom contre le travail de Roméo Castellucci, puis de Rodrigo Garcia, jugés eux aussi non conformes au respect du Christ.
L’image en question est une photographie d’Andrés Serrano, datant de 1987, mondialement connue. En référence à l’épidémie du Sida, l’artiste a plongé le crucifix dans un magma de sang et de pisse.
A Bourges, la toile de Pascal Pinaud a été barrée d’un graffiti ” «LE CHRIST EST ROI», et «LE CHRIST EST ROY». Interrogé par Libération, l’artiste a déclaré :“c’est un acte de vandalisme sur un autre acte de vandalisme. […] Je trouve d’ailleurs bizarre qu’on s’en prenne à des œuvres d’art.»
Dominique Abensour,coordinatrice de la biennale jointe par téléphone dénonce “un acte regrettable” qui “n’est pas une publicité”. L’oeuvre a été immédiatement retirée de l’exposition. “C’est une oeuvre qui a été vandalisée, elle est donc abîmée”.
L’affaire intervient alors que le jugement concernant la destruction de la toile d’Andres Serrano devait avoir lieu à l’automne a été renvoyé à l’instruction sans précision de date.
Par communiqué, l’agence Sipa informe que “Le procureur d’Avignon, Bernard Marchal, a finalement décidé d’ouvrir une information judiciaire pour «dégradations volontaires», ce qui élargit le cadre des poursuites et évite désormais d’avoir à se poser la question de savoir si le bien dégradé est un bien culturel ou non. La juge d’instruction Violaine Guadagni a été désignée pour mener les investigations et les qualifier juridiquement.”
Visuel : Piss Christ (c) Andres Serrano
Visuel : Capture d’écran-Pascal Pinaud-Ecran n°8 – réf. 12A18
2012
Tirage numérique sur toile, armature aluminium
270 x 180 cm