
Recherche ninjas sans cause pour lutte contre méchants spectateurs
Nostalgiques du temps des ninjas, votre heure est enfin venue. Soyez prêts à combattre.
Appel à tous les ninjas du monde. A tous les guerriers-espions japonais rescapés des temps anciens (il n’y en a plus beaucoup). A tous les rêveurs fous fascinés par leur science des arts martiaux et leur vie pleine de dangers, qui se sentent à l’étroit dans notre monde (il y en a beaucoup). Un royaume en péril a besoin de vos services.
Ce royaume, c’est un cinéma indépendant. Quelle chance pour vous, c’est l’un des plus beaux : le Prince Charles Cinema de Londres, à côté de Leicester Square. Son histoire est jalonnée d’événements épiques : au commencement, c’était un cinéma pornographique installé dans un ancien théâtre ; puis il devint le lieu le plus à même d’accueillir les films musicaux avec spectacle sur scène ; le Rocky Horror Picture Show y fut projeté d’innombrables fois ; les projections de Reservoir dogs y virent défiler un public en costard et lunettes noires ; Quentin Tarantino, lorsqu’il y présenta Kill Bill, avoua qu’il s’y sentait comme chez lui ; aujourd’hui les toilettes y portent le nom de Kevin Smith, réalisateur de Clerks ; la verrière extérieure aligne des jeux de mots délirants ; et il paraît même qu’un fantôme hante les niveaux supérieurs.
Ce cinéma affronte aujourd’hui un danger. Les grands groupes ? Non. Le public qui parle, et qui écrit sur les réseaux sociaux durant les projections. Leur seule chance contre ce fléau : des ninjas. Cette idée leur est venue : proposer à des bénévoles, en échange de services dans la salle –rappeler à l’ordre les gens qui parlent, sans être trop brusques- des places de cinéma gratuites.
Et ce concept suprêmement anglais dans son humour noir pas si innocent a commencé à être relayé par les médias en… septembre 2012 ! Le monde laisse l’anarchie gangréner ses salles de cinéma, et gâcher ses projections. Pas le Prince Charles Cinema. Son idée n’est pas imitée. Qu’importe : il y reste fidèle. Il a encore ses ninjas. Guerriers sans cause, n’hésitez plus. Martin Scorsese, encore lui, avait vu juste : en 2014, le cinéma sera partout. La réalité y résistera-t-elle ?
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Visuel : ©Droits réservés / Sources : Screen Junkies et CBC.ca