Théâtre
Zoo, la drôle violence de Florian Pautasso

Zoo, la drôle violence de Florian Pautasso

13 September 2021 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Présenté en sortie de création au chaleureux Studio Théâtre de Vitry, le tout nouveau projet de la compagnie Les divins animaux s’attaque à l’animalité humaine dans un délicieux décalage

Cela fait un moment que l’on suit le travail du chef de file de cette excellente compagnie qui est guidée par l’écriture, la vraie, celle des textes, mais au plateau, presque en collectif. La dernière fois c’était en 2016, à l’occasion d’une carte blanche au Silencio. En interview, il nous disait alors “Je suis très attiré par le concert, par toutes ces formes de plateau qui quittent le sérieux du théâtre”.

Il est flagrant que pour Zoo c’est cela qui opère. Ils sont trois, présentés un par un à la façon du premier épisode de Secret story saison 1. “On approche du début du jeu” dit Florian Pautasso encore sur scène à ce moment-là. Roman est le gay parisien, Stéphanie Alfalo la juive, Aurelie Lannoy la Belge phobique des araignées. Eux trois jouent en leurs prénoms et les histoires qu’ils amènent leur sont propres.

Alors dans quelle “aventure” vont-ils entrer ? Une aventure d’amour, de survie ou d’enfermement ? Eh bien rien de tout cela. La scénographie à la fois glam, glaciale et métallique d’Andrea Baglione en dit beaucoup sur l’affaire. Ce sera violent ET autre chose, tout le temps.

Eux trois vont être confrontés aux limites de l’humanité. Les divins animaux font ici sortir la notion de consentement du champ uniquement sexuel pour nous rappeler que cela touche toutes les actions possibles. Trois épreuves vraiment éprouvantes sont obligatoires : la domestication, l’abattage et le dressage.

La question posée est celle de la liberté, cette liberté aujourd’hui galvaudée par les antivax. Elle est même chantée, tirée de la Marseillaise, le chant militaire par excellence, dont ce passage est le slogan de campagne de Marine Le Pen. Décidément, la violence est partout, elle se cache partout. Et c’est là que ce Zoo est bien peuplé : ces animaux n’ont rien de prévisible.

Vous aurez noté que depuis le début on ne vous dit pas grand-chose du contenu de la pièce et pour cause les idées déployées ici sont géniales et les dire serait en dévoiler beaucoup trop. Le trio monte en puissance dans une écoute qui leur permet de gagner en absurde, en folie et en peur ( oui, ils font peur, un peu !)…

La pièce sera donnée au Théâtre de la Reine Blanche en 2022, nous vous tiendrons au courant !

Visuel : © Les divins animaux

 

Oedipe par Ulrich Rasche : parole, esthétique et hubris
Deauville 2021 : L’intriguant “Pig” de Michael Sarnoski ne convainc pas
Avatar photo
Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

Publier un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Your email address will not be published. Required fields are marked *


Soutenez Toute La Culture
Registration