Théâtre
Timon d’Athènes, un choc théâtral immanquable à la Maison des Métallos

Timon d’Athènes, un choc théâtral immanquable à la Maison des Métallos

22 February 2011 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Razerka Ben Sadia-Lavant met en scène une version dépoussiérée de Timon d’Athènes. Sur fond de slam, hiphop, blues, chansons, elle propose du pur théâtre où un texte fort est porté par des comédiens déments. Un spectacle à ne pas rater à la Maison des Métallos.

Shakespeare en version hip hop…Vous êtes bien sûrs ? Le casting peut suffire à convaincre. Denis Lavant, fidèle à son génie a le rôle titre, c’est rassurant. On ajoute D’ de Kabal ayant fait partie du collectif de rap Assassin célèbre dans les années 90. Aujourd’hui il est perçu à juste titre comme une star du Slam bien loin des caricatures de Grand Corps Malade. Autour des micros on retrouve aussi la très énervée Casey, une rappeuse engagée contre le racisme et les violences policières. L’artiste expérimental américain Mike Ladd balance un hip hop west coast , Marie Payen, comédienne vue chez Cédric Kahn et François Dupeyron et l’immense Doctor L, tant jazzman que rockeur qui collabore régulièrement avec Rodolphe Burger .

Le casting ne faisant pas tout, racontons un peu l’histoire et la mise en scène.Timon d’Athènes est un homme très généreux, il arrose ses amis d’argent et de buffets somptueux. Un jour, sa richesse s’effondre et il demande l’aide de ses proches qui lui tournent le dos. Déçu, il se retire du monde et devient ermite. Son départ provoque une guerre des opposants à Athènes envers la Cité. La pièce parle de trahison, d’amitié, de pouvoir, de superficialité et comme toujours chez le maître anglais,de  la folie.

La mise en scène et la réécriture du texte rendent la parole de Shakespeare extrêmement juste et actuelle. La scénographie repose sur un grand plateau au fond duquel deux portants de vêtements  signés Agnès B , Azzedine Alaïa et Yohji Yamamoto sont suspendus l’un au dessus de l’autre. Les comédiens vont sans cesse faire des allers-retours pour se changer et devenir à chaque fois un nouveau personnage. La multitude des costumes donne la réelle illusion qu’ils sont des milliers sur scène. La lumière, passant du bleu au vert illustre bien la haine grandissante de Timon. Les vêtements sont une fois la scène jouée,  jetés comme des guenilles au sol, autre symbole de la fragilité de la richesse.

La metteuse en scène n’a fait que des choix parfaits. La partition musicale est incroyable, le « flow » des rappeurs et des slameurs monte en violence au rythme où Timon décline. L’apothéose vient dans une joute verbale à quatre autour de l’or.

Ce serait une erreur grave de définir ce spectacle autrement que comme du théâtre. Une mise en scène parfaite, un texte fort, des comédiens magistraux. Dans une articulation des mots très moderne nous sommes embarqués dans un voyage au temps de l’histoire Antique. Et pourtant,  on est loin d’un théâtre classique et bourgeois. Timon d’Athènes rend accessible Shakespeare sans céder à aucune facilité.

Magnifique.

(c)Kulturfabrik

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

2 thoughts on “Timon d’Athènes, un choc théâtral immanquable à la Maison des Métallos”

Commentaire(s)

  • drixe

    > Aujourd’hui il est perçu à juste titre comme une star du Slam bien loin des caricatures de Grand Corps Malade.
    C’est inutile, injuste et faux. Tant la première que la deuxième partie de la phrase.
    Vous aimez la pièce, d’accord, mais vous perdez le sens commun.
    Je trouve le texte très dur d’accès, probablement à cause de l’amplification due aux gammes que produit Doctor L (sous-employé ici). Denis Lavant s’agite avec bonheur et Mike Ladd réussit à nous porter une fois là où l’on aurait voulu (et pensé) être pendant toute la pièce. Quant à D’, il faut qu’il arrête de s’écouter parler ! Chhh Chhh Je suis ton père Chhh Chhh.

    February 23, 2011 at 23 h 32 min

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