Royal de Luxe, Royal Western sur la pelouse de Reuilly
Oui… de Reully et non pas comme prévu dans la cour des Invalides. A croire que les pendaisons, les coups de fusils géants, le goudron et les plumes n’y étaient pas les bienvenus. Car, oui, c’est tout cela que vous trouverez dans ce western archétypal du genre, La rue de la Chute. L’accueil fut mitigé, nous on a adoré. Si vous avez encore le pouvoir d’avoir 5 ans de temps en temps et si vous aimez Lucky Luke, sortez l’harmonica et allez-y !
Sur un plateau hollywoodien va se dérouler une querelle entre Indiens et Visages pâles. De Fall street, Rue de la Chute, il ne reste qu’une bicoque, un pauvre saloon. “Le lieu fut un emblème de la ruée vers l’or. Il tient son nom d’une expédition à la fin du XIXe siècle au cours de laquelle un cheval fit une chute dans un ravin. Alors que les hommes descendaient récupérer le matériel sanglé sur l’animal, ils découvrirent une mine d’or. La rumeur se répandit très vite. Quelques jours plus tard une ville jaillit à cet endroit. Elle prospéra durant cinq années.”
Les 18 du Royal de Luxe en font, façon Mnouchkine et ses Naufragés du fol espoir, un film dans le spectacle, avec projo et travelling à gogo. Ici, l’intrigue réside dans un événement étrange : un cheval est pendu. Pourquoi ? Que ce soit chez Anthony Mann, Tarantino, Eastwood ou les frères Coen, même à Big Town on a jamais vu ça ! La troupe en appelle à tous nos souvenirs, de bandes dessinées et de redifs spaghetti à la télé.
Dans une frénésie de décors en carton-pâte et d’effets spéciaux de cinéma, la troupe évolue, mi-cirque, mi-théâtre pour nous raconter l’évolution de la société américaine à ce moment de son histoire. Le jeu est époustouflant mais le spectacle pêche par trop de facilité sur le fond. Il s’agit bien sûr de dire la suprématie d’un peuple sur un autre et la volonté de conquête impériale.
Peu importe, la compagnie fondée en 1979 continue de faire du théâtre de rue un art majeur en distillant d’ailleurs toujours dans ses titres des références à la ville. Les idées fusent à chaque seconde. On verra, à l’aide d’une grue, deux hommes pendus, un coucher de lune et un vol de vautour. On verra des comédiens se changer, devenant juge, Marshall,putes, indiens, responsables des télégraphes à la vitesse grand V. On rira souvent face à de folles idées loufoques comme celle de ce bordel itinérant traversant le désert vers l’ouest à l’initiative d’une vieille dame…
Au final, cette Rue de la chute doit se prendre comme on matte pour la centième fois La ruée vers l’ouest dont la musique rythme le spectacle. Un vrai western, empli de tout le kitch et de toutes les références inimaginables. Un peu trop long, ce n’est pas bien grave, c’est quand même formidable.
Visuels : autorisation Paris Quartier d’Eté