Nosztalgia Express de Marc Lainé : ceux qui me cherchent prendront le train
Pour sa nouvelle pièce, le metteur en scène et scénographe Marc Lainé nous emmène une nouvelle fois en voyage, toujours dans le temps et toujours avec une inclination pour le cinéma.
“La mémoire est une fiction que l’on peut réécrire à notre convenance”
Marc Lainé préfère les TER aux TGV et ce n’est pas nouveau. L’année dernière nous avons pris jusqu’à la rupture son Paris-Saint Quentin aller et retour dans Nos paysages mineurs. Nosztalgia Express nous installe assez rapidement devant une scène semblant avoir été tournée dans la même Micheline. Nous sommes au cinéma. Ce que nous regardons est projeté sur un écran également à roulettes.
Nous voyons Simone Valentin (Leopoldine Hummel) parler à son petit garçon Danny, 10 ans (Simon Viougeas). Il est 5H41 du matin ce 4 novembre 1956. Simone Valentin va faire une rencontre inquiétante dans ce wagon qui la pousse à faire un acte inconsidéré. Elle disparaît.
Dix ans plus tard, Danny (François Praud) est devenu une “vedette”. Il officie entouré de pianos dans un beau studio entouré de son impresario (Thomas Gonzalez) et d’une assistante (Daphné Monrose jouée par Emilie Franco). Il est hanté par la disparition de sa mère. Une idée folle surgit : la retrouver. Hervé Marconi, l’impresario voit dans cette quête la seule façon pour son poulain de refaire un “tube”. Victor Zellinger (Olivier Werner) est le détective privé chargé de cette affaire qui nous entraîne jusqu’à Budapest en 1968.
“Le bonheur c’est rétrospectif”
Marc Lainé est le roi des décors et des ambiances. Dans son road movie québécois, Vanishing Point, nous étions en voiture dans le grand nord. Ses lumières sont super soignées et ses ambiances léchées, un peu dorées. Il sait nous plonger dans des lieux et des espaces. Pour cette saga de 2H40 il s’amuse follement à nous basculer du passé au présent et inversement, de Paris à la Hongrie. Un autre trait caractéristique de son travail est le rapport à la musique. Nosztalgia Express est quasiment une comédie musicale, mais à la française, plus Alain Resnais que Jerome Robbins et Robert Wise.
Quand les personnages sont dépassés par leurs émotions ils se mettent à chanter “comme Michel Polnareff”, avec emphase et une bonne dose de kitsch.
Les comédiens et comédiennes jouent (et chantent !) impeccablement. François Sauveur en oreille de Moscou est truculent et Thomas Gonzalez méconnaissable en dandy en costume violet à rayures super speed.
Nosztalgia Express est une élégante pièce de théâtre, une enquête policière aux ressorts plutôt classiques qui renoue avec les codes des grandes histoires qui embarquent et divertissent.
Visuel : Théâtre de la Ville