
Les filles assurent dans les Anges du Pêché au théâtre Alizée
Laurent Lebas s’attaque à un monument du cinéma, le film de Robert Bresson « Les anges du pêché ». Il met magnifiquement en lumière la vie de ce couvent cloîtré de Béthanie où les tensions sociales sont au plus fort. La scénographie et le jeu des comédiennes en font un bon spectacle à découvrir jusqu’au 31 juillet.
Anne-Marie (Magaliy Godenaire), avec son franc caractère, entre au couvent cloîtré de Bethanie, consacré à la rééducations des filles perdues. Elle prend sous son aile Thérèse ( Dominique Isnard) qui semble en cacher plus que prévu.
La superbe scénographie de Laurent LeBas transforme par la lumière l’espace vide en cloître, en église, en hôpital ou en prison. Les huit comédiennes formidables incarnent de façon quasi mystique leur entrée ou leur vie dans la foi. Les chants grégoriens rythment les temps des prières et les psaumes, le temps du repas, ici magnifiquement illustré par l’utilisation d’un drap tendu sur lequel sont légèrement posées les assiettes.
«La notion de clair-obscur» raconte Laurent Lebas «en référence à la peinture flamande du XVIIe siècle , influence la mise en lumière des différents tableaux scéniques, renforçant la tension dramatique». Dans cette environnement où ces femmes entrent en se dépouillant de tout artifice, aucun miroir n’est présent, le gris est pourtant lumineux.
Le texte de Bresson est respecté à la lettre. Chacune d’entre-elles a une relation particulière à la foi et à l’engagement. Certaines , prostituées, criminelles sont rentrées là pour être protégées, elles sont mêlées aux autres sœurs sous le regard juste et le jeu parfait de Chantal Peninon dans le rôle de la mère supérieure.
Dans ce lieu, les hommes apparaissent par touches , dans des endroits symboles d’autorité, nous croiserons un policier et un médecin. Mais, en ce qui concerne les âmes et la justice de Dieu, ils n’ont pas mot à dire. Les anges du péchés, un manifeste féministe ? Why not !