Théâtre
L’épopée loufoque et déjantée du buveur d’eau

L’épopée loufoque et déjantée du buveur d’eau

23 September 2022 | PAR Lucine Bastard-Rosset

Afin d’échapper à la rentrée automnale toujours un peu maussade, Le Funambule Montmartre vous mène à la découverte d’un périple haut en couleurs, avec la première mise en scène d’Anaïs AlricL’Épopée du buveur d’eau. Cette comédie loufoque et déjantée saura vous faire rire et sourire !

Un récit décalé

L’Épopée du buveur d’eau s’inscrit dans les années 70, cette époque où la jeunesse se cherche, se pose des questions et tente de s’émanciper. Fred Trumper, jeune homme plein d’énergie, vit une vie qu’il semble plutôt subir. Incapable de terminer ce qu’il entreprend, toutes ses aventures – quelles soient amoureuses, familiales ou professionnelles – lui échappent et finissent en fiasco total. Son corps lui-même se rebelle, refusant obstinément de lui obéir : Trumper est en proie à de terribles troubles urologiques.

Cette adaptation du roman éponyme de John Irving est une fable emplie d’humour et de dérision. Anaïs Alric a su retransmettre dans sa pièce l’univers décalé du romancier tout en se l’appropriant avec brio. Les dialogues débordent d’énergie et ne cessent de surprendre par leur contenu. Tout est dit avec beaucoup de malice, d’ironie et d’humour, et ce langage décalé voire caricatural fait ressortir la subtilité des émotions et des situations. Face aux scènes, on ne peut s’empêcher de rire, tout en réfléchissant sur le sens de la vie ou l’importance qu’il y a de s’impliquer dans les relations qu’on entreprend.

De jeunes comédiens au talent indéniable

Ce spectacle est porté par quatre jeunes comédiens qui n’ont pas froid aux yeux. De leur jeu et de leur entente naît une forte énergie collective, accentuée par les multiples transformations scéniques et l’évolution des personnages. Ensembles, ils confèrent à la pièce un rythme soutenu, continuellement rempli de surprises. On rit de leurs gestuelles, de leurs mimiques ou encore de leurs intonations. Chaque personnage est caractérisé par des détails toujours plus farfelus comme Tulpen qui est continuellement accompagnée de son yaourt, qu’elle en vient à manger compulsivement, ou encore Cuthbert qui boit à la paille un soda ou tient une petite tasse en porcelaine pour le thé.

Laurent Clément donne naissance à un Trumper des plus réussi, à la fois blagueur, dépressif, cherchant à réussir et acculé par l’échec, dépassé par ce qui lui arrive. Les comédiennes Chloé Fortoul et Fanette Jounieaux interprètent des femmes indépendantes et amoureuses, toujours plus irritées par les comportement enfantins de Trumper. Quant à Rémi Mazuel, il multiplie les rôles : passant du réalisateur hippie, au père strict, à l’ami diabétique Merril ou au personnage un peu coincé de Cuthbert. Il joue avec son corps et sa voix, engendrant des personnages caricaturaux hilarants.

Musique et vidéo

L’Épopée du buveur d’eau démarre sur la musique mythique des Doors, People are Strange. Par la suite, la soundtrack balaye la fin des années 60 et le début des années 70, enchaînant des chansons du Velvet Underground, de Bob Dylan, de James Brown ou encore de Led Zeppelin. Ces choix musicaux nous happent et redonnent vie à ces décennies, se fondant dans les scènes et dans les actions.

Cette époque marque aussi l’apparition de l’avant-garde cinématographique aux Etats-Unis et en Europe. Afin de se fondre totalement dans ces créations artistiques singulières, Anaïs Alric a réalisé de courts films projetés en direct sur le mur scénique. Ceux-ci confèrent au spectacle plus de profondeur et entrent en relation direct avec les dialogues. On y découvre des films sur le monde hippie et sur le célèbre “baiseur” Trumper, marqué par une esthétique avant-gardiste. 

Si vous souhaitez passer un moment hors du temps et drôle, L’Épopée du buveur d’eau est une pièce à découvrir. Elle est présentée au Funambule Montmartre jusqu’au dimanche 6 novembre.

 

Visuel : ©KOB

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Lucine Bastard-Rosset
Après avoir étudié et pratiqué la danse et le théâtre au lycée, Lucine a réalisé une licence de cinéma à la Sorbonne. Elle s'est tournée vers le journalisme culturel en début d'année 2022. Elle écrit à la fois sur le théâtre, la musique, le cinéma, la danse et les expositions. Contact : [email protected] Actuellement, Lucine réalise un service civique auprès de la compagnie de danse KeatBeck à Paris. Son objectif : transmettre l'art à un public large et varié.

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