Le voyage d’Alice en Suisse porte sur scène la question de l’euthanasie
Le voyage d’Alice en Suisse est une création de la compagnie Théâtre de Loup-Nantes. Elle se donne au Festival d’Avignon, dans le off, au Grenier à sel, et a reçu en fin de semaine dernière, le prix Adami 2011. Les représentations se poursuivront au théâtre de la Bruyère à Paris en septembre.
C’est la première fois que la pièce est montée en France, son auteur Lukas Bärfuss n’y est pas très connu contrairement à l’Allemagne et ses alentours où il est beaucoup joué. Yvon Lapous signe une mise en scène sobre et interprète avec calme et conviction le premier rôle, celui d’un médecin suisse, Gustav Strom, qui choisit d’accompagner des hommes et des femmes dans la mort volontaire.
Un lieu blanc et indéfini pour décor. Il fait penser à une salle d’attente. Une bande de chantier scinde le plateau, on y voit le symbole d’un passage, celui de la vie à la mort. C’est le voyage que vient faire Alice en Suisse. La pièce nous met face à l’égarement, la vulnérabilité des êtres, leur solitude, celle de la jeune femme qui doit annoncer à sa mère incrédule, avec qui elle entretient une relation distante, sa décision de quitter le monde, celle d’un autre patient, John, handicapé un peu paumé (Nigel Hollidge), celle de Gustav, déterminé à affronter la loi au nom de la dignité des personnes, qui se trouve radié de l’ordre des médecins.
Fait-il le bien? La pièce pose la question, c’est le rôle du théâtre, interroge sans asséner une vérité toute faite sur un sujet aussi polémique et difficile que l’euthanasie. Avec un texte comme celui-ci, la compagnie s’engage sur un terrain politique, sociétal, et créée le débat en donnant à voir et entendre cette histoire forcément dérangeante, pas toujours crédible, mais belle et humaine. Elle est d’ailleurs traitée sans pesanteur excessive. Le drame y côtoie l’humour. On y rit parfois. On est interpellé aussi, mais ému moins. Marilyn Leray joue Alice avec sévérité, se montre parfois dure, insensible. C’est un peu dommage. Sans donner dans le pathos, les acteurs devraient davantage fendre l’armure.