
Le méta-théâtre des “collégiens” de la Biennale de Venise
Ce 28 juin, dans la vaste salle des armes, la Biennale de théâtre de Venise présentait les mises en lecture des textes Cenere de Stefano Fortin et Addormentate de Carolina Balucani.
L’un des grands changements de la mandature Ricci/Forte est d’avoir ouvert les prix de la prestigieuse Biennale à plus de disciplines. En témoigne un intérêt pour de très jeunes auteurs et autrices, rassemblé·es sous la bannière “Biennale du collège théâtre, auteurs et autrices des moins de 40 ans”. Autre belle idée : tout est traduit en anglais à la biennale. Si les festivals et les théâtres français pouvaient en prendre de la graine, ce serait pas mal ! Les deux textes présentés sont ceux qui ont gagné le prix de la section collège du festival. Ce qui était passionnant était de saisir comment les deux lauréat·e·s avaient pris d’assaut le méta-théâtre, en utilisant chacun·e un narrateur de mise à distance, mais avec des directions de mots et de comédien·ne·s tout à fait opposées.
Stefano Fortin nous raconte l’histoire d’un jeune garçon de trente ans qui s’est suicidé. C’est lui qui raconte son adieu à un monde qui le dépasse. Nous sommes en 2010 et un volcan au nom imprononçable a mis le monde à l’arrêt. Le garçon ne le saura jamais, mais la Covid fera de même dix ans plus tard. La lecture chorale nous entraîne dans de petites choses du quotidien qui révèlent peu à peu la tragédie.
Pour Carolina Balucani, le tempo est tout autre. Il est électrique. D’ailleurs, elle utilise pas mal les bandes de néon du fond de l’espace. C’est le cri de la jeunesse, celle qui danse en robe rose et les ongles faits, en se foutant d’être fille ou garçon. C’est un flow qui râpe, slame et déboîte la langue. Là aussi, la mort s’invite chez de jeunes adultes, comme si la jeunesse regardait la vie du côté du désespoir.
Si les choses avancent normalement, ces deux textes devraient être mis en scène en 2024. À suivre.
Visuel : © Biennale