
Le Club 27 à la Maison des Métallos
L’idée de base était plutôt bonne : mettre en scène Jim Morrison, Jimi Hendrix, Brian Jones, Janis Joplin et Kurt Cobain, les têtes de files des artistes morts à 27 ans. La compagnie Coup de Poker était censée faire revivre ce “club 27”, dans lequel Ian Curtis ou Jeff Buckley n’ont pas eu leur entrée. La résurrection n’a pas eu lieu.
Tout le monde ne peut pas avoir son ticket pour entrer dans le club très sélect, à moins que vous ne disiez “Fuck” trente-six fois par jour, que vous aimiez tout envoyer valser sur scène et surtout, que vous soyez morts à 27 ans. Cela paraît compliqué, même Jésus n’a pas réussi à avoir sa place. Pourtant, nombreux sont les artistes qui composent ce club : Jim Morrison, charismatique leader des Doors, Janis Joplin, Kurt Cobain, chanteur blondinet de Nirvana, Jimi Hendrix, avec ou sans Experience ou encore Brian Jones, ex homme à tout faire (et tout prendre) des Rolling Stones.
Guillaume Barbot, metteur en scène de ce “Club 27” fait le choix non pas d’explorer ces figures mythiques du rock, mais de savoir qui et où sont ces héros d’autrefois re-contextualisés dans notre société actuelle. Un parti pris qui, très vite, oublie de s’intéresser à l’oeuvre des artistes et bascule dans la caricature : la Joplin d’aujourd’hui chante et gesticule dans sa baignoire, Cobain s’acharne à scier une table et Morrison monologue sur la jeunesse désoeuvrée du XXI ème siècle, avec une logorrhée étouffante. La pièce, qui débute sur une conférence de presse où les cinq musiciens répondent à des questions imaginaires, s’achève sur une grossière impression de bordel pas du tout maîtrisé : le sol est jonché de vêtements, de tables renversées (parce que pour être rock, il faut casser des tables c’est bien connu), de robes de mariées, de gâteau au chocolat, de tout et de rien.
Pas provocatrice pour un sou, la mise en scène laisse de marbre : est-il vraiment nécessaire, pour évoquer la contestation et la rébellion de passer par des hurlements, des déshabillages ou par la destruction de tout le décor ? Les comédiens abordent avec un jeu grotesque ce que auraient pu être ces jeunes artistes aujourd’hui, laissant de côté toute réflexion attendue sur leur travail artistique, significatif d’une époque révolue. Les faire revivre à nos côtés et tenter d’explorer dans une visée nietzschéenne le renversement des valeurs pour lequel ont opté les artistes était une bonne idée, mais on se perd vite dans un brouhaha sans fin.
Mention spéciale pour Pierre-Marie Braye-Weppe, tour à tour guitariste, bassiste et violoniste, qui arrive avec brio a faire revivre les grands classiques : de “Summertime” à “Lithium” en passant par “Riders On The Storms”, on se laisse prendre avec plaisir à cet habile remaniement et à ce personnage touchant, très humble devant la création.
Guillaume Barbot, qui avait monté la fabuleuse pièce Gainsbourg, moi non plus au théâtre de Belleville proposant une mise en scène fluide et intelligente n’a pas su réopérer la même magie. Loin d’engager une réflexion sur ces années qui ont marqué et le rock et la société, ou d’esquisser un tableau de cette énergie autodestructrice, le Club 27 nous emmène dans un tourbillon sans fin, où cris, musique et texte n’arrivent pas à conquérir notre oreille attentive.
Visuels et image à la Une: affiche de la pièce sur le site maisondesmetallos.org