
La nuit des Assassins sème l’absurde au théâtre de l’Opprimé
La compagnie Umbral, découverte à Avignon avec les superbes “Histoire du Communisme raconté pour des débiles mentaux” et “Petit Boulot pour vieux clown” revient à Paris avec un spectacle théâtral. Ici point de nez rouges et de clowns tristes pour décrire des jeux d’enfants pas très innocents.
Sur une scène jonchée de têtes de mannequins, trois personnages, deux filles et un garçon jouent un meurtre. Le doute s’installe. Sommes-nous face à une scène réelle? Dans la mise en scène de Victor Quezada-Perez, les enfants, Lalo, Cuca, et Beba jouent et rejouent à tuer leurs parents fouettards dans une allégorie de l’oppression du pouvoir et de la justice corrompue.
C’est en lien avec l’auteur et poète cubain José Triana que la Compagnie Umbral s’est attaquée à ce drame familial. La mise en scène joue sur les ambiguïtés. Les enfants sont joués par des adultes, ils changent de personnages constamment, devenant leurs parents, les voisins, les juges pour qu’au final le spectateur nage dans un trouble volontaire. Ce doute est porté à la perfection par trois comédiens formidables. Matila Malliarakis, Amandine Barbotte et Tatiana Spivakova empruntent au clown et au mime un jeu où le corps s’impose. Ils arrivent en un geste à nous faire saisir dans quels lieux nous nous trouvons.
Victor Quezada Perez signe comme à son habitude un spectacle fort et grave , il revient , après Histoire du communisme à l’allégorie politique en se concentrant sur le Cuba des années 50. Si les évènements politiques ne sont jamais cités, c’est par la figure familiale vue ici comme un noyau sociétal que la dictature pointe le bout de son nez. Une métaphore pertinente à regarder avec attention.