Théâtre
Hamlet à l’impératif, Py extrapole Shakespeare au Festival d’Avignon (et c’est génial)

Hamlet à l’impératif, Py extrapole Shakespeare au Festival d’Avignon (et c’est génial)

17 July 2021 | PAR Amelie Blaustein Niddam

Il y a les spectacles à Avignon, et il y a ces à-côtés qui ne se passent qu’ici. Et ce que propose Olivier Py c’est un feuilleton en plein air sous les oliviers du jardin Ceccano. To go or not to go ? This is not a question ! GO !

Py sait merveilleusement bien faire du théâtre de tréteaux, faire surgir le tout avec presque rien. De la même façon qu’il nous a fait entendre tout Eschyle, il s’attaque ici à Hamlet, dans son fond et sa forme. Hamlet c’est un lieu de mémoire du théâtre. Tout le monde connaît ce texte au point que lorsque le Danemark a perdu face à l’Angleterre dans le dernier Euro de foot (oui oui on parle de foot, vraiment), on a vu pousser sur les réseaux cette réplique : “il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark”.

C’est dire si le texte est entré dans pas mal de postérités !

Chaque jour fait place à un nouvel épisode, mais tous viennent prouver que la culture est essentielle. S’il y a bien une chose que le Festival montre, les spectacles qui se tenus sous la pluie et sous un mistral à glacer le sang, sans que “le” public ne bronche, c’est que la violence du geste de l’Etat qui a interdit la culture vivante a creusé des trous sans fond chez les spectateurs. 

Comme le dit Bertrand de Roffignac qui s’empare de la scène comme d’un jeu d’enfant : si la culture ne compte pas, pourquoi c’est elle que les dictatures censurent ? Les comédiens sont incroyables dans un esprit de troupe et d’écoute. Ils sont tous incarnés. Moustafa Benaïbout en Hamlet, Céline Chéenne en  Ophélie ou en reine, Damien Bigourdan en roi et Julien Jolly à la batterie. 

Ça joue au-delà du jeu dans une posture d’Opera Bouffe jouissive car décalée et tellement maîtrisée. C’est une leçon de théâtre que la troupe offre en passant d’un état à un autre. Car la proposition fonctionne comme une dissertation : un argument étayé par un exemple.

Ainsi, pour nous ce fut l’analyse des sens des mots du maître anglais à travers Derrida, Kierkegaard, Freud, Marx… Tous se sont arraché l’esprit sur cette pièce écrite par un homme qui a enterré son fils et son père la même année. 

Dans cette pièce, la folie est une reine, et les fantômes sont respectés. Et, dans le jardin, l’écoute se fait intense. Alors,  «Shall I compare thee to summer’s day?» ? Of course, yes.

Au Jardin Ceccano, jusqu’au 23 juillet, à 12h ou à 18h en fonction des jours. Durée 2h30. Entrée libre et gratuite sans réservation.

Visuel : ©Christophe Raynaud de Lage/ Festival d’Avignon

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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