Death is the Sense that Dying People Tend to Lose First
Du 20 au 24 octobre à 21h au Théâtre de la Bastille, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris. Spectacle en anglais surtitré en français.
Sur un plateau nu, un homme banal monologue. Une heure durant, il égrène un incongru chapelet de définitions de ce qui constitue le monde, vérités de La Palice ou descriptions à la poésie drôle et inopinée. L’hiver est plus froid que l’été. Le suicide est un meurtre où la victime et l’assassin portent les mêmes habits. Une rivière est une route pour les bateaux… Tim Etchells, directeur artistique de la compagnie déjantée Forced Entertainment, met en scène une pièce ascétique dont l’extrême simplicité visuelle est inversement proportionnelle à l’ambition complexe du propos. Malgré cette simplicité de mise en scène, ” Death is the Sense that Dying People Tend to Lose First” a pourtant quelque chose de spectaculaire. Impossible de déceler qui est l’étrange personnage (« un enfant, un psychopathe, ou encore un martien » ?) incarné à la perfection par le New-yorkais Jim Fletcher. Le comédien réalise un tour de force, captivant le spectateur avec un personnage neutre, statique et distant qui n’a a priori rien pour séduire. Expérimentation d’un exercice de style plus que véritable œuvre théâtrale, le pari du couple Etchells-Fletcher est osé, mais convaincant. “Death is the Sense that Dying People Tend to Lose First” s’inscrit de manière originale dans un paysage théâtral souvent avide d’excès, de surenchère et de nouveauté à tout prix. La pièce semble rendre à la scène sa vocation de simple tribune : un homme, un espace, un propos. Ce dernier est lisible à plusieurs niveaux : vérité philosophique et métaphysique, critique caustique du monde qui nous entoure, ou simple divertissement à la naïveté comique. Quoi qu’il en soit, le voyage un brin aliénant proposé par Tim Etchells mérite le détour.
Jusqu’au 24 octobre, 21h, Théatre de la Bastille, 76 rue de la Roquette, Paris 11e, m° Bastille, 22 euros (TR 13 euros).