Les langues imaginaires prennent vie au Nouveau Festival
Le Nouveau Festival bat encore son plein tout le week-end jusqu’à lundi inclus. L’occasion d’aller se délasser dans la clairière et de visiter la drôle d’exposition “Khhhhhhh”. Une soirée culture pas comme les autres.
Dans une clairière on vient s’asseoir après une longue marche. La sensation est ici la même. Il faut rompre avec le rythme et le bruit de la ville pour s’installer dans un espace conçu par Fanny Dechaillé et Nadia Lauro. Tous les soirs elles invitent à entendre un langage autre. On a pu s’étourdir des boucles de Daniel Linehan ou se laisser porter, comme hier soir, par la lecture d’un scénario de cinéma.
A l’inverse d’une lecture théâtrale, le comédien Gurvan Cloâtre lit le scénario de Sophie Laly, Après, dans une forme de neutralité. Le texte qui fut auréolé du prix Beaumarchais raconte l’histoire de deux enfants, frères de sang, jouant aux indiens sans cowboy dans la maison du grand-père. Ils font le vœu d’une étrange forme de protection à la vie à la mort, celle de manger celui qui meurt en premier. Dit comme cela on s’attend à un film gore alors qu’il s’agit d’une tendre histoire allégorique sur l’amitié.
L’instant est suspendu, calme, la respiration des spectateurs assis ou allongés au sol prend le rythme des va et vient de la douce lumière. Joli moment.
La langue ici est imagée, on ne nous montre rien, on exprime de façon neutre et pourtant, nous sommes avec l’enfant 1 et l’enfant 2, indéniablement.
La sensation de trouble est autre quand on fait un petit tour post-performance dans le reste de l’espace 315 où se trouve l’exposition Khhhhhh. On entend des choses que l’on ne connait pas, on est saisi par des lettres que l’on n’arrive pas à dissocier.
Que ce soit le travail de Guy de Cointet sur Raymond Roussel, le processus de création de la pièce Tell Me ou les focus sur les langues imaginaires du Moyen Age, on découvre que retourner le langage pour le faire étranger, incompréhensible et souvent graphique est un jeu qui a traversé les générations. L’exposition nous promène au cinéma, dans la pub et dans l’histoire de l’art. Une balade passionnante.
Visuel : (c) ABN