Performance
[Avignon Off] Dans le salon d’Yves Noël Genod

[Avignon Off] Dans le salon d’Yves Noël Genod

18 July 2013 | PAR Amelie Blaustein Niddam

En véritable Princesse de Clèves, le si talentueux  performeur et metteur en scène reçoit dans un salon précieux, à lieu et heure différents chaque jour.

[rating=5]

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C’est accolée au panneau d’affichage de la Condition des Soies, où Yves Noël Genod joua, que l’information circule. A la main, scotchée à l’image dessinée par Olislaeger, une note indique le rendez- vous. Sur l’image Yves Noël est représenté, au milieu d’une île déserte, le livre à la main. La légende dit : “Oulala, c’est le cancer assuré ces vacances”.

Yves Noël Genod sait manier les atmosphères, c’est même ce qui définit son théâtre. La lumière, la brume, le noir... il sculpte l’invisible pour lui donner corps.

Dans une maison qui semble détenir des secrets, un patio se laisse entrevoir. Les fauteuils précieux s’offrent à nous et une tête antique nous observe sous les moulures. Yves Noël accueille toujours avec un verre, mais canicule oblige, le champagne laisse place à de l’eau glacée.

Il est sublime, en veste cintrée sombre et pantalon cigarette noir, les yeux ourlés de khöl et les cheveux longs toujours aussi blonds. Il a cette présence confortable et amicale qui est propice à l’écoute.

L’écoute ce sera celle d’extraits de Confession d’un enfant du siècle d’Alfred de Musset. Il en choisit les heures sombres, celles qui disent le désarroi d’une jeunesse pour qui “l’avenir est une amante de marbre”. Le présent, pour ce romantique est “l’ange du crépuscule”.

Musset et Genod semblent ne faire qu’un tous les deux désabusés mais solides, spectateurs aguerris du monde qui les abrite.

Le dispositif nous fait nous sentir précieux, réenclenchant un rituel propre au XIXe siècle, temps où le livre pouvait être néfaste. La lecture  est entrecoupée d’éclairages sur le texte et de quelques réflexions amusantes à souhait qui rendent ces lignes dark d’un coup plus légères  et surtout qui disent à quel point nous sommes ici dans le partage,  dans cette maison prêtée pour un instant.

Ce happening est une merveille, un à côté totalement au centre. Un spectacle précieux, pour une poignée de spectateurs. C’est un bijou.

Photo Louis Malecek.

Informations pratiques :

L’horaire et le lieu changent chaque jour.

Vendredi 19, 16h, R-V au 1, rue des Ciseaux d’Or (donne sur la place Saint Pierre).

Dimanche 21 : 19h, 1, rue Mignard (Delirium).
Lundi 22 : 16h, 35, rue de la Bonneterie. Résa obligatoire : 06 84 60 94 58.

L’entrée est libre.

 

Voir tous les articles de notre dossier Festival d’Avignon ici

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Amelie Blaustein Niddam
C'est après avoir étudié le management interculturel à Sciences-Po Aix-en-Provence, et obtenu le titre de Docteur en Histoire, qu'Amélie s'est engagée au service du spectacle vivant contemporain d'abord comme chargée de diffusion puis aujourd'hui comme journaliste ( carte de presse 116715) et rédactrice en chef adjointe auprès de Toute La Culture. Son terrain de jeu est centré sur le théâtre, la danse et la performance. [email protected]

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