Théâtre

« Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée », une modernisation réussie de Musset

24 April 2019 | PAR melanietlmt

Un marivaudage pétillant sur l’intemporalité de l’amour à voir au Lucernaire, porté par ses deux comédiens, Matthias Fortune Droulers et Anne-Sophie Liban !

Une personne en aime une autre. Tout commence (toujours ?) de là, que ce soit au théâtre, au cinéma ou dans la littérature. Cette fois, c’est un jeune homme (Matthias Fortune Droulers) qui se rend chez sa voisine, la belle Marquise (Anne-Sophie Liban), son bonnet orange bien enfoncé sur la tête. La jeune femme est chez elle, posant langoureusement dans son canapé comme si une assemblée d’admirateurs siégeait devant elle, est mate Game of Thrones sur son ordinateur (avouez, c’est aussi ce que vous êtes en train de faire depuis que la saison 8 est sortie). Et voilà que la sonnerie de sa porte d’entrée retentit, et que son prétendant entre en scène. Il est en adoration devant elle, et lui fera une déclaration aussi passionnée qu’amère, aussi bagarreuse qu’implorante : cela suffira-t-il pour conquérir le coeur blasé de la Marquise ?

 

S’il vous fallait une preuve supplémentaire que la querelle amoureuse est et sera toujours un sujet aussi aimé par le public qu’intemporelle, la voilà. Ces deux personnages se vouvoient, mais sont habillées comme deux hipsters du XVIIIe arrondissement ; un feu brûle dans la cheminée de la Marquise, mais à travers l’écran de son ordinateur. Lorsque la jeune femme demande à rajouter une buche dans le feu, n’est-ce pas une façon de lui demander de raviver la flamme entre eux ? Tout est faux, et tout est vrai ; tout est d’hier, tout est d’aujourd’hui dans cette pièce de Musset sur une porte que personne ne se décide à ouvrir ou à fermer complètement. Il faut dire que peu de choses épatent la Marquise, qui pense dur comme fer que l’amour est une invention, hait les compliments et ne peut plus souffrir les innombrables hommes qui se pressent à sa porte et se ressemblent tous. Son prétendant est son opposé : naïf, emporté, joyeux, amoureux de l’idée d’amour, franc, vif. Et le seuil de cette fichue porte que le Comte ne se décide pas à franchir ! Et la Marquise qui ne se décide pas à le laisser partir !

 

Ces deux-là n’oublient pas de saupoudrer de folie leur rapport complexe à l’amour et à la séduction. Ils nous étonnent et nous amusent en se miaulant à la figure dans une parodie de parade nuptiale animale, avant l’inévitable coup de griffes qui ne manque pas de casser à chaque fois l’irréalité du moment. Il faut dire que la Marquise est moderne en cela que son discours est fe?ministe et qu’elle est résolue à avoir le dernier mot… Du moins jusqu’à un certain point, puisqu’on fini par comprendre qu’elle attend depuis le début une demande en mariage de la part de son prétendant. Une conclusion pour le moins étrange après les multiples arguments farouchement opposés à la fade et conventionnelle love story que lui offre son hipster attitré.

Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, à voir au Lucernaire jusqu’au 12 mai

visuel : affiche du spectacle

Infos pratiques

Odéon Théâtre de l’Europe
Les Gémeaux
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