Opéra
“Orlando” de Handel au théâtre des Champs-Elysées: la folie n’était pas au rendez-vous

“Orlando” de Handel au théâtre des Champs-Elysées: la folie n’était pas au rendez-vous

17 January 2020 | PAR Lise Lefebvre

Malgré le dynamisme et l’engagement des interprètes, notamment Christophe Dumaux dans le rôle-titre, cette version concert  de l’Orlando de Haendel par Il Pomo D’Oro a peiné à convaincre. 

L’Orlando de Handel est une oeuvre centrée sur la folie de son personnage éponyme. Grand pourfendeur de monstres, Orlando (le fameux Roland, celui de la Chanson), chez l’Arioste, se met à déraciner des chênes quand il apprend que la belle Angélique en aime un autre. Autant dire qu’il devient un brin dangereux, et il faudra l’intervention de dernière minute du bon Zoroastro pour que personne n’y laisse la vie. 

Le plus intéressant, c’est bien sûr la façon dont le compositeur met en musique la folie. Les airs d’Orlando fou, de récitatifs hallucinés en extravagantes vocalises, requièrent une grande souplesse vocale chez l’interprète. De la virtuosité, Christophe Dumaux en a, ainsi qu’une grande puissance d’incarnation. Mais c’est surtout dans ses airs de folie qu’il donne le meilleur de lui-même, osant le Sprechgesang, jusqu’au cri, à la fin de son premier délire; dans les actes précédents, il paraît bien en retrait, avec une émission vocale qui manque de légèreté. Face à lui, l’Angelica de Kathryn Lewek apporte beaucoup d’émotion et de chaleur à son chant. Les couleurs riches de sa voix et son aisance à passer d’un aria survolté à des tons plus élégiaques ont conquis la salle. Autre atout majeur, Nuria Rial en Dorinda, la bergère amoureuse, s’est distinguée par sa grande musicalité et son incarnation pleine de charme. 

Il Pomo D’Oro, formation dynamique ici menée avec feu par Francesco Corti, a porté la soirée de toute son énergie. Elle en avait bien besoin, étant donné  le parti pris de présenter cette version de concert comme un récital, où chaque chanteur bat en retraite, partition en main, dès que son air est fini. Ce qui oblige son partenaire à chanter un peu dans le vide. 

Dommage que cet académisme ait quelque peu plombé le choix de cette oeuvre singulière, et son interprétation de qualité. 

visuel : Corti, Francesco, direction (c) Caroline Doutre

 

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Lise Lefebvre

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