Chanson
“Mon frère c’est Dieu sur Terre” de Thomas Fersen

“Mon frère c’est Dieu sur Terre” de Thomas Fersen

05 March 2023 | PAR Lucine Bastard-Rosset

Le Théâtre de l’Athénée à Paris a accueilli du 23 février au 4 mars le nouveau spectacle de Thomas Fersen : Mon frère c’est Dieu sur Terre. Un spectacle sur l’enfance, où musique et chanson se mêlent à un long monologue. 

En février 2022, Thomas Fersen présentait à la Maison de la poésie une première ébauche de son spectacle : Dieu-sur-Terre. Il n’était accompagné que de deux musiciens et jouait au cœur d’une scénographie des plus simple, donnant à son personnage enfantin toute son importance et sa délicatesse. Avec la nouvelle version de son spectacle, Thomas Fersen propose une prestation bien plus construite, mais qui perd en émotivité.

Un personnage qui prend vie

Thomas Fersen devient conteur et mélodiste en 1993. 30 ans plus tard, il continue à se produire sur scène, revisitant ses plus vieilles chansons afin de leur donner une seconde vie, de les lier les unes aux autres grâce à un texte : “le journal intime de son personnage, l’indécrottable adolescent nonchalant et paresseux caché derrière sa frange, qui déambule dans ses albums depuis trente ans.”. Sorti le 9 février 2023, son livre Dieu sur Terre est maintenant revisité en un spectacle musical. 

Sur scène, une multitude d’objets parsèment l’espace. Thomas Fersen est assis sur un tabouret avec à ses pieds, une petite bassine rouge posée sur une planche à roulettes. Ses doigts font de petits clapotis dans l’eau. Sur cette gestuelle enfantine, il commence son monologue constitué de vers et de rimes. “Je préfère rester où j’ai pied, dans la pataugeoire de l’enfance”. Avec cette phrase, Thomas Fersen donne le ton de son spectacle et plonge au cœur de l’enfance. S’entame alors un long périple, conté sur un ton un peu trop monotone. Thomas Fersen est indéniablement un bon écrivain, il sait trouver la justesse dans ses phrases, faire rire avec peu, mais ses vers qui raisonnent toujours sur le même rythme créent une ritournelle à laquelle il est difficile de s’accrocher. 

Thomas Fersen incarne son personnage, de son plus jeune âge à ses 20 ans. Il nous amène à la rencontre de son quotidien, de sa famille, de ses occupations. Cette vie qu’il mène est ponctuée d’inventions, bercée par l’imaginaire d’un jeune homme qui se construit et qui rêve. Ainsi, un homme se transforme en monstre sanguinaire, un cafard devient le sujet d’une longue procession funéraire. On accède à ses pensées, à ses fantasmes et à ses désirs, qui transparaissent avec beaucoup d’humour dans le corps bien plus âgé de son interprète. Mais cet enfant qui rêvasse fait également face à des difficultés relationnelles, à des parents qui adulent son frère aîné, celui qui est si doué dans tout ce qu’il entreprend. Il souffre de troubles obsessionnels compulsifs (TOC) : “j’ai tout un tas de rituels qui sont censés me rassurer”. Cet enfant qui vit dans son monde et qui est peu écouté et considéré. 

Un monologue poétique et musical

Ce long monologue d’une heure quinze est ponctué de moments musicaux qui redonnent vie à ses plus anciennes chansons. Accompagné par trois musiciens – Cécile Bourcier au violon, Maryll Abbas à l’accordéon et Pierre Sangra à la guitare – Thomas Fersen chante ses grands classiques tels que Monsieur ou Louise. Chaque chanson est amenée par le texte et entre en écho avec celui-ci. Cette alternance texte / chansons permet de rompre les intonations trop ternes du monologue et casse le rythme de la récitation.

Thomas Fersen propose ainsi un spectacle au texte drôle et sincère qui met en lumière ses chansons, mais au rythme trop rébarbatif.

Visuel : ©Affiche

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Lucine Bastard-Rosset
Après avoir étudié et pratiqué la danse et le théâtre au lycée, Lucine a réalisé une licence de cinéma à la Sorbonne. Elle s'est tournée vers le journalisme culturel en début d'année 2022. Elle écrit à la fois sur le théâtre, la musique, le cinéma, la danse et les expositions. Contact : [email protected] Actuellement, Lucine réalise un service civique auprès de la compagnie de danse KeatBeck à Paris. Son objectif : transmettre l'art à un public large et varié.

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